Absence

05/10/10

Seul son silence m’est resté en propre : c’est là l’ultime présent de l’absence…

Claude Vigée


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Les mots…

04/10/10

au moins les mots sont au travail


on les entend s’affairer

recoudre la nuit

faire leur besogne de nains

dans la tête…


Antoine Emaz

in  » Plaie « 

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Le paysage est arrêté. Il est cet attelage

poudreux

qui s’enlise dans sa blancheur.

Ses essieux

s’enfoncent dans l’innocence despotique

de la neige.

Sans être égarés, nous commençons à redouter

le nulle part, et surtout

ce silence inclément

qui tonne contre l’affront de tout voyage.


François Jacqmin

in  » Le livre de la neige « 

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ô impatience du voyage

tu cherches une couleur, une brume, un regard

où tu liras peut-être ce qui te pousse sur ces chemins,

ce visage peut-être un jour qui t’a souri dans une gare

a emporté dans la bousculade la fumée

ce qu’il savait du labour odorant

où tu allais sans but lisible un soir

dans la lumière dorée des maisons

d’argile et de paille, de vents peut-être

et l’eau d’une mare où une femme

se penchait pour puiser, drapée de noir,

figure de la nuit brodée de rouge et de jaune,

les flots boueux de l’Euphrate du fond

des millénaires venus, le grand scarabée noir

marchant seul entre les colonnes de Palmyre,

l’homme qui cherchait un coin de calme

et un peu plus d’air pour mourir en paix

au désert de tant de savoir abstrait

et le vacarme des machines à respirer

ô impatience du voyage sans rives qui croît

inexorable dans nos entrailles

solitude éternelle, voyage immobile

sans mémoire


Lorand Gaspar

in  » Derrière le dos de Dieu « 

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Cosmologie

28/09/10

La déesse Lakshmi

aime faire l’amour avec Vishnou

à cheval sur lui

baissant les yeux elle aperçoit

dans le creux de son nombril

un lotus

et sur celui-ci le dieu Brahma

mais peu encline à s’interrompre

elle pose la main

sur l’oeil droit de Vishnou

qui est le soleil

: la nuit survient

et le lotus se referme

avec Brahma à l’intérieur.


Inde – Sanscrit

in  » Les Techniciens du Sacré « 

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Je ne sais en quels temps c’était, je confonds toujours l’enfance et l’Eden

Comme je mêle la Mort et la Vie – un pont de douceur les relie…


Léopold Sédar Senghor

in  » Ethiopiques « 

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Quand je serai le cheval de pierre

debout devant l’éternité

je demanderai aux divinités des plantes

le manteau de pluies indispensable aux voyageurs éternels


Benjamin Péret

in  » Le grand jeu « 


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l’entre…

21/09/10

On ne peut écrire qu’en perdant

le corps de ce que l’on nomme.


Jean-Louis Giovannoni

in  » Pas japonais  »

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Tu es vain
si tu penses qu’il est de ton fait de penser ce qui ne se pense pas
de penser pour ce qui ne se réfléchit pas
de croire à ce qui ne croit pas
Laisse chaque chose là où elle se trouve
et dans l’état où elle se trouve accepte-la
Occupe-toi d’être sève quand c’est la sève qui monte en toi
se répand dans tes membres et t’irrigue
Occupe-toi d’être matière inerte quand la poussière
se dépose en toi et te met au repos
Le vent t’emmène au loin ? laisse-le t’emporter
L’eau du lac t’engloutit ? accueille-la
Le gouffre t’appelle à lui ? pénètre-le
Laisse ta pensée s’adonner à la seule pensée
Permets à tes membres d’être seulement
et complètement des membres
à tes pieds d’être des pieds
à la tête d’être une tête
Ne marche pas dans les traces
Ne te retourne jamais sur les tiennes
Ne cherche pas à savoir si tes pas en ont laissées
Si tu avances avance
Si tu veux t’arrêter eh bien arrête-toi
Mais ne fais pas l’un en voulant l’autre
C’est l’univers et le temps qui en seraient contrariés


Ana Tot

in  » Traités et Vanités « 




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La nuit est vieille et attend sous le porche,

tandis

que le blanc s’habille, jaillit et convertit

la lésine de l’ombre

en ducats rieurs.

Les flocons sont jeunes et se moquent

d’être sans feu ni lieu.

Pendant un instant,

leur candeur dépareillée

va faire de Noël une ville fortifiée.


François Jacqmin

in  » Le livre de la neige « 

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La césure

08/09/10

L’interruption du langage, le suspens du langage, la césure (la ?suspension

anti-rythmique? disait Hölderlin), c’est donc cela, la poésie : ?le souffle et la parole

coupés?, le ?tournant? du souffle, le ?tournant à la fin de l’inspiration.? La poésie

advient là où cède, contre toute attente, le langage. Très exactement au défaut de

l’inspiration, et cela peut s’entendre de deux manières au moins ; ou, plus

exactement encore, à la retenue de l’expiration, du souffle : quand ça va continuer

de parler (de discourir) et que quelqu’un, soudain libre, interdit ce qui allait se

dire. Quand une parole advient, dans le pur suspens du parler. La poésie est le

spasme ou la syncope du langage1. Hölderlin nommait la césure : la ?pure parole?


Philippe Lacoue Labarthe

in  » La Poésie comme expérience « 

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Côtoiement…

07/09/10

………….

La plante vive côtoie la feuille sèche


sans que leurs destins se mêlent


Chacune est belle et bonne à sa manière


Chacune est un temps un moment un être


Ta vie est faite ainsi alternativement


de sève et de poussière


ne va pas humidifier la poussière sous


prétexte qu’elle se disloque


Le temps de la dislocation viendra


et ce temps est aussi bon qu’un autre s’il se correspond


………….

Ana Tot

in  » Traités et Vanités « 

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Trois cailloux dans ma poche, ramassés près de la mer

deux noirs, un ocre jaune, plats et lisses, très lisses

je pense en les touchant au chemin et au temps parcourus

je pense en les touchant au désir d’aller dans l’inconnu

à la force interne qui soude leurs particules, à celle

des vents, des sables et des eaux

dont le jeu me permet je ne sais pourquoi,

de toucher quelque chose comme

un dur noyau d’être dans l’ouvert –


Lorand Gaspar

in  » Derrière le dos de Dieu « 

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Éveiller celui qui dort

est un acte ordinaire et quotidien

qui pourrait nous faire frémir.

Éveiller celui qui dort,

c’est imposer à l’autre

l’interminable prison de l’univers,

de son temps sans déclin ni aurore,

lui révéler qu’il est quelqu’un ou quelque chose,

soumis au nom qui le dévoile

et à l’amoncellement des hiers.

C’est enfreindre son éternité.

C’est l’accabler de siècles et d’étoiles.

C’est rendre au temps un autre Lazare

chargé de souvenirs.

C’est faire injure à l’eau du Léthé.


Jorge Luis Borges

in  » Les Conjurés « 

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Puisque le silence allie la précaution

à la tristesse,

puisque

ce que l’on pense ne doit pas être pensé,

pourquoi s’adonner encore

à l’art des mots ?

Si la neige avait attendu

la parole,

il lui aurait fallu une éternité de plus

pour amener la blancheur au flocon.


François Jacqmin

in  » Le livre de la neige « 

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On n’écrit pas pour donner aux choses une


place, on écrit pour faire de la place ;


pour que l’arbre ne vienne jamais dans son


nom et que la pierre se taise dans ce qui la


désigne.


Jean-Louis Giovannoni

in  » Pas japonais « 

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Sakountala

27/08/10

Comment continuer à écrire en sachant

qu’aucun mot ne peut contenir le corps

de ce qu’il nomme.


Jean-Louis Giovannoni

in  » Pas japonais « 


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Transparence

26/08/10

l’air sans poids la transparence étale

du jour enfin dedans dehors lavés

à grande eau par la lumière le ciel le calme


enfin


Antoine Emaz

in  » Jours / Tage « 


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martinets

25/08/10

En plein midi, soudain, deux martinets très haut dans le ciel à côté d’un nuage en

forme de tour blanche, légère — comme je ne sais quelle apparition foudroyante,

énigmatique, ou quelle mesure de la hauteur de l’air, quelle révélation de l’espace

aérien, quelle flèche de fer dans le cœur. Une joie bizarre, d’à peine une seconde

–   et en me relisant, je me rappelle le gerfaut des Solitudes, « scandale bizarre de

l’air » —, une lettre tracée sur le bleu puis effacée, un trait — ou le crochet d’un

hameçon ?   Sait-on qui a pu vous ferrer ainsi ?


Philippe Jaccottet

in  » Autres journée « 


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Flocon

24/08/10

Dans la vocifération blanche

d’une tempête,

on distingue quelquefois un flocon méritant.

Mais le tumulte ne peut se

l’adjoindre.

Délaissé,

il tombera seul, dans la lourdeur tragique

du temps.

Hormis le poème,

il n’est rien qui puisse aller à sa rencontre.


François Jacqmin

in  » Le livre de la neige « 

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Le Fleuve

23/08/10

Entre le sommeil et le songe,

Entre moi et ce qui en moi

Est l’être que je me suppose,

Coule un fleuve sans fin.

……………………………………

L’être que je ressens et qui se meurt

Dans ce qui m’enchaîne à moi-même

Sommeille où le fleuve s’écoule –

Ce fleuve qui n’a pas de fin


Fernando Pessoa

in  » Cancioneiro « 


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Nos mots

21/08/10

Peut-être que nos mots sont la seule

terre où l’on peut s’établir ?


Jean-Louis Giovannoni

in  » Pas japonais « 

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Vacances

03/08/10

Quelques jours de repos…jusqu’au 22 août..

Voyage..exotisme…

A bientôt


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Fauvette

02/08/10

La fauvette dans le tilleul : chant extraordinairement, mystérieusement clair,

comme s’il traversait, transperçait une enveloppe, franchissait une limite.

Fauvette

dernier oiseau parleur en plein été

de quoi me parles-tu ainsi de loin en loin

dans le feuillage du tilleul ?

De quoi peut donc parler voix si limpide ?


Philippe Jaccottet

in  » Autres journée « 

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Jérusalem

31/07/10

Le rempart derrière la maison des lépreux,


là aussi, c’est Jérusalem.


Des ruisseaux bleus traversent les champs.


La lumière peint en argent un arbre trapu.


Emmanuel Moses

in « L’année du dragon »



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Tu es nuage…

30/07/10

…………………………………………………..Le reflet

de ta face est un autre, déjà, dans le miroir

et le jour, un labyrinthe impalpable.

Nous sommes ceux qui partent. Le nuage

nombreux qui s’efface au couchant

est notre nuage. Telle rose

en devient une autre, indéfiniment.

Tu es nuage, tu es mer, tu es oubli.

Tu es aussi ce que tu as perdu.


Jorge Luis Borges

in  » Les Conjurés « 

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Les engoulevents sont déjà repartis : brefs compagnons. Messagers ponctuels du

crépuscule, avec leur bruit d’horloge de bois. Messagers de l’entre-deux, entre ciel

et terre, entre jour et nuit — au ras de la cime des arbres.


Il y a une décantation qui se produit, en même temps qu’il fait plus sombre peu à

peu — et c’est alors que paraît cet oiseau couleur d’ombre, plutôt paisible, flottant,

autour duquel plus ou moins vainement je tourne. Comme un morceau de nuit,

découpé dans son étoffe.


Quand la fumée brillante du jour se dissipe.


Philippe Jaccottet

in  » Autres journée « 

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Mort ?

27/07/10

Je ne crois en nulle mort; je meurs à toute heure


Et chaque fois je n’ai trouvé qu’une vie meilleure.


Angelus Silesius

in  » Le Voyageur chérubinique « 

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apprendre à revenir à la ligne, mais quoi pour nous y contraindre ? montrez-nous

où va se greffer la lumière sous la peau de la nuit, par où l’allée rêche des phrases à

travers la campagne enneigée, dans les vieilles artères la germination des flocons,

des réverbères, points crus dans la craie du brouillard avant le jour ; on vous

regarde, sous la sangle du givre, tombés, et la housse sur soi qui s’affale du visage,

haillon vers les genoux pendu, la honte à jamais refermée, qui s’y penche touche

le sang des bêtes à la mâchoire, bêtes gisant sur la prise dure d’un sillon, on vous

regarde, portrait malgré soi tenu, comme une taie devant l’œil, et s’imposant sans

répit le pêle-mêle de vos mouvements


Mary-Laure Zoss

in  » Où va se terrer la lumière « 


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Entre maintenant et maintenant, le temps fut-il – le temps sera-t-il – vide ?


Qu’est-ce qui court dans l’obscur ou dans la lumière du jour, de pierre en pierre,

soudain comme un spasme, une strie de sang ?


Keith Waldrop

in  » Potential Random « 

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