Le corps semble une fleur de vide : nul lieu où le chercher,

Aux six fenêtres vent et lune embrassent pureté et vacuité.

Dans le néant on dirait l’être : à nouveau il n’est pas réel,

Quatre murs éclatants : un instant pour demeure empruntés.

Hyegun (1320-1376)

Posted in: Archives by admin | Comments (0)

La Torche

30/03/09

La nuit vint, puis la neige aussi,

Sous la cape de neige une montagne.

A mille mètres de profondeur

sous la montagne il y a une torche,

qui brûle. Je la veux

en soleil pour ma nuit,

je veux l’impossible,

absolument

Pentti Holappa

in  » Les Mots longs « 

Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Aucun chemin…

27/03/09

Il n’existe aucun chemin ;

la quête que nous poursuivons

repose en chaque chose approchée

en chaque instant qui délivre ses clartés.

Le temps ne s’écoule pas. Le temps

brûle à nos côtés, silencieux

et bordé de roc qu’il fissure

lentement, dans le désert intérieur.

Aucun chemin. Juste quelques pas

à la lisière de l’aube.

Hélène Dorion

in  » D’argile et de souffle « 

Posted in: Archives by admin | Comments (0)



Qu’en est-il d’une musique,

qui cesse de se faire entendre ;

et d’une brise qui cesse

de voler de-ci de-là ; et qu’en est-il,

d’une lumière qui s’éteint ?



Mort, dis, et toi, qu’es-tu d’autre que silence

calme et ombre ?



Juan Ramón



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Etreinte

25/03/09



la bouche ouverte boit

le vent pluvieux toujours resurgissant,

le vent qui vient d’ailleurs

et porte en soi comme une absence

le silence pareil au germe jaillissant

hors du commencement sans visage et sans lieu :

respirer de nouveau, plonger dans le temps fabuleux des noces

où s’étreignent le jour et la nuit emmêlés.



Claude Vigée

in " Danser vers l’abîme "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Ecriture

24/03/09



Écrire, c’est entrer en contact avec quelque chose de très lointain. A partir du moment où le moi ne commande plus, où la pensée consciente n’est plus seule à diriger l’écriture, le langage semble libérer une énergie qui doit être à la fois celle de sa matière même, une matière chargée de siècles de culture et d’histoire, et celle du corps, donc de l’inconscient qui, soudain, prend la parole. Vous touchez alors à quelque chose qui, tout en étant le présent même, est chargé d’un passé immémorial, comme la crête d’une lame de fond. Vous ne dominez plus votre langage, comme on dit, c’est lui qui vous domine. Toute distance s’évanouit. Or, plus vous entrez dans le langage, plus vous vous tenez au plus près de lui, plus il s’ouvre, plus il se creuse d’une profondeur infinie. Et c’est elle qui s’entend à travers votre voix.




Jacques Ancet

in " Chutes "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Le Chemin

23/03/09



Ce n’est pas l’ombre que je cherche

Ni l’humble signe

De la halte sous les palmiers

Tranquilles ni l’eau ni l’ange

Gardien d’oasis

Je cherche le chemin qui dure

Toujours toujours toujours…



Anne Perrier

in " la Voie nomade "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Double

22/03/09



Je parle d’est et d’ouest



je suis parole dans l’eau du miroir

sombre et clair



mon nom voilé ensemence

celui auquel je m’adresse



le dédouble



le fait parler au féminin.



Laurent Margantin

in " Cycle du Ginkgo "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

La voix…

21/03/09



…je suis au centre où plus rien n’existe

que la lumière d’une fenêtre

comme suspendue entre ici et là-bas

hier et demain j’écoute une voix

je ne la reconnais que trop tard

elle parlait entre deux silences

et ne m’a laissé que cet instant

sans visage où plus rien n’a de nom.





Jacques Ancet

in " Un morceau de lumière "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)



Là-bas, la blanche voile sombre, offerte

A quelque brise immatérielle,

Saura conduire notre vie-sommeil

Jusqu’aux lieux où les eaux se mêlent



Aux rives bordées d’arbres noirs,

Où les forêts inconnues s’accordent

Aux élans du lac vers plus d’être,

Afin de rendre le rêve complet.



Là-bas nous saurons bien nous cacher, disparaître,

Engloutis dans le vide liséré de la lune,

Ressentant que cela qui fait notre substance

En d’autres temps était musique.



Fernando Pessoa

in " Le violon enchanté "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Clarté

19/03/09



"La clarté ne nait pas de ce que l’on imagine le clair mais lorsque

l’on prend conscience de l’obscur."



Carl Jung



Posted in: Archives by admin | Comments (0)



Lorsque la mort viendra, aurai-je assez de paix en moi, et de désir, et de silence ? Faudra-t-il rencontrer pour la dernière fois, dans le miroir du vent, celui que je n’ai pas su être ?…




Bernard Delvaille

in " Jardins d’hiver "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Emotions

17/03/09



"Sans émotions il est impossible de transformer les ténèbres en lumière et l’apathie en mouvement."



Carl Jung



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Elle dit…

15/03/09



Elle dit "l’ombre est veuve de ma vie le soleil pousse"

………………..

Elle dit: "A semer du rire que

récolte-t-on?"

……………….

Elle dit "Il y a dans ma mémoire, très au fond, de très petits livres, très beaux et très fragiles, doux à mes doigts, rêches sous ma langue, entourés d’odeurs inhabituelles comme d’une traîne ou d’un envol de lucioles"

………………

Elle dit "en bout de plume ou de pinceau quoi

le monde incertain des lèvres"



Raphaël Monticelli

in " Elle dit "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Les yeux ouverts

11/03/09



Derrière la palissade rouge

on aimerait vivre et vieillir très

longtemps, on serait

un homme sans crainte, sans presque

de désir et seulement les arbres

parleraient de vous, diraient la sève

et le surcroît, l’immobile

mouvoir des heures et puis la mort

comme une écorce mouillée, on serait là, les yeux

ouverts, juste une vie, derrière une palissade rouge.



Claude Esteban

in " Le jour à peine écrit "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

naissance

10/03/09



Combien naître nous scinde ! Empêtré d’un miroitement de papillons, j’affronte de mon étincelante pâleur le ciel.




Jean Grosjean



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Mots…

09/03/09

Ces os qui brillent dans la nuit,

ces mots telles pierres précieuses

dans le gosier vivant d’un oiseau pétrifié,

ce vert tant aimé,

ce lilas chaud,

ce coeur qui seul est mystérieux..



, Alejandra Pizarnik

in  » l’Arbre de Diane « 

Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Retour

08/03/09



Si Jamais tu reviens en terre natale

A pas lents comme un cheval dont le soir accroît la fatigue

Oh va dans ce jardin

Retrouver la rose méconnaissable

Le chrysanthème à la crinière de lion

- D’immenses araignées volent avec des papillons

Comme dans les fièvres de l’enfance

Souris ou pleure mais ne crains rien

C’est l’ombre qui remue avant d’être nuit claire.



Georges Schehadé

in " Poésies V "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Autoportrait

07/03/09

Et vous pouvez me dire : Où avez-vous pris cela ?

- Textes reçus en langage clair ! versions données sur

deux versants !  Toi-même stèle et pierre d’angle ! Et

pour des fourvoiements nouveaux, je t’appelle en litige

sur ta chaise dièdre,

Ô Poète, ô bilingue, entre toutes choses bisaigües, et

toi-même litige entre toutes choses litigieuses – homme

assailli du dieu ! homme parlant dans l’équivoque ! ah !

comme un homme fourvoyé dans une mêlée d’ailes et

de ronces, parmi des noces de busaigles !

Saint-John Perse

in  » Vents II, 6. »

Posted in: Archives by admin | Comments (0)



Parce que tu te tiens

au bord du jardin

de l’aube du jour

à chaque levée des ténèbres

tu sens que la vie t’emporte



Tu descelles la pierre noire

la lourde cécité des limbes

……………………



Le chant s’est pendu aux branches du saule

il hante nos fenêtres



Colette Nys-Mazure

in " Feux dans la nuit "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Jour d’été

05/03/09

quel tendre brouillard tremble

autour du fleuve temps

tant de soie déchirée

embue la soie du coeur…

Martine Broda

in  » Grand Jour « 

Posted in: Archives by admin | Comments (0)



…scribe dans la nuit de la langue

quand la nuit parle la langue du néant

tu es sur cette terre

pour cultiver ton âme

apprivoiser ce qu’il y a d’humain

dans l’angoisse

habiter la parole de la parole

et conserver la promesse du poème



Amina Saïd

in " Au présent du monde "



Posted in: Archives by admin | Comments (0)



Ne faîtes pas une seule chose à la fois

Le soleil n’entre-t-il pas par deux côtés en même temps

Et la lumière ne revient-elle pas du fond du miroir

comme du fond d’un tableau flamand ?

……………………….

Toi aussi traverse intensément le connu



Geneviève Pastre







Posted in: Archives by admin | Comments (0)
FireStats icon Contenu créé par FireStats