"Le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quantité de merveilles."




Christian Bobin



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Soir

26/10/08



Femme sans chanteur,

Vêtements noirs, maisons grises,

L’amour sort le soir.



Paul Eluard

in " Pour vivre ici "



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Lecture

25/10/08



"Lire un livre sous un arbre en double le plaisir. On ne sait plus si on tourne les pages ou si on feuillette l’arbre."




Jean Chalon

in " Journal d’Espagne "



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« Il expliquait pourquoi l’eau devait « sourire », c’est à dire être frémissante. Ses bulles ressemblaient alors à des yeux de poisson, ou à des perles de cristal qui glissent dans une fontaine, ou à des vagues jaillissantes. Il parla du choix de la théière, en terre cuite, de préférence, afin que le dépôt tannique formé au cours des années exalte les saveurs des infusions. Il dit que la théière avait une mémoire et un être harmonique. Il dit aussi que le choix d’une bonne eau était primordial, que celle-ci devait jaillir de la montagne sur des rochers sans mousse ni végétation, qu’il était inutile de remuer le thé, et que les gouttes versées par inadvertance sur la nappe ne signifiaient nullement que le geste était malheureux, bien au contraire : « Ces gouttes sont la part de la terre, la part qui lui revient. »




Gérard de Cortanze

in " Assam "



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Il y a…

23/10/08



Il y a un sifflement de train dans une gare lointaine,

Des injures, des aboiements, des gloussements de poules,

Des voix de femmes, aussi ;

Il y a le parfum du paddy mûr, le chant des oiseaux

Et des enfants qui jouent quelque part, alentour,

Des passants qui rient et qui parlent,

Une chanson d’antan chantée

Dans la brume du crépuscule…

Tant d’années se sont engouffrées dans l’entonnoir du temps !

Je me couche, inerte comme un cadavre,

Ô vaste monde, comme je regrette tout ce qui vient de toi !



Nguyên Chi Thiên

in " Fleurs de l’enfer "



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Transparence

22/10/08



Transparence,

tu m’as accueilli là où finissent les couloirs,

dans la dernière pièce, quand

je ne croyais plus arriver. Et j’ai vu

ton visage, je l’ai pris de mes mains

tremblantes. Visage d’air,

confondu avec le visage humain

qui m’attendait, endormi

dans la veille amoureuse, dans cette pièce

étroite qui s’est ouverte comme

des eaux après le désert

pour nous deux….




Rafael José Diaz



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Parce que…

21/10/08



Parce que les jours ne sont pas que des jours.



Enfouir dans la montagne les temps érodés.



Attendre

des carrières.

Attendre une fois.

………………………………………………..



Tant que se figent les larmes dans la pierre

parce que les jours ne sont pas que des jours.




Peter Härtling



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Doux de lune, vont las les Taureaux pleins de songe,

Un seul, et deux : et, sur l’épaule l’aiguillon,

Très haut l’Homme en avant en la paix grande plonge,

Tandis que leur dos maigre et noir marqué s’allonge

Hors mesure près d’eux, et rampe noir et long…




René Ghil

in " Légendes d’âmes et de sangs "



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Ta voix

20/10/08



ta voix

c?est la lumière inventée

dans l??il opaque

du poème



Armand Dupuy



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…..Et le dormeur s’éveille,

Voit la goutte briller de cent mille rubis dans le verre

Qui était vide lorsqu’il s’endormit.

La contemple.

L’univers oscille durant une seconde de silence

Et le sommeil reprend ses droits,

Et l’univers reprend son cours

Par les milliers de routes blanches tracées par le monde

À travers les campagnes ténébreuses.




Robert Desnos





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La route

17/10/08



De tous les voyageurs qui ont pris cette route,

Qui donc est revenu, a rebroussé chemin?

Prends garde de ne laisser peine d’amour en route,

car tu ne reviendras, jamais, ici, demain.



Omar Khayyâm





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La musique

16/10/08



La musique souvent me prend comme une mer;

Vers ma pâle étoile,

Sous un plafond de brume ou dans un vaste éther

Je mets à la voile;



La poitrine en avant et les poumons gonflés

Comme de la toile,

J’escalade le dos des flots amoncelés

Que la nuit me voile.



Je sens vibrer en moi toutes les passions

D’un vaisseau qui souffre;

Le bon vent, la tempête et ses convulsions



Sur l’immense gouffre

Me bercent — D’autres fois, calme plat, grand miroir

De mon désespoir !




Charles Baudelaire

in " Les Fleurs du Mal "



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L’amoureuse

15/10/08



Elle est debout sur mes paupières

Et ses cheveux sont dans les miens,

Elle a la forme de mes mains,

Elle a la couleur de mes yeux,

Elle s’engloutit dans mon ombre

Comme une pierre sur le ciel.



Elle a toujours les yeux ouverts

Et ne me laisse pas dormir.

Ses rêves en pleine lumière

Font s’évaporer les soleils,

Me font rire, pleurer et rire,

Parler sans avoir rien à dire.



Paul Eluard





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Talisman

13/10/08



A force de parler d’aurores australes et d’impossibles prodiges, on oublie d’emporter dans les neiges, dans les sables, de quoi protéger le voyageur de son voyage, le sorcier de son charme, le vivant de sa vie.

Sous son regard ligneux, extrait pour l’horizon, à grand travail d’acier, du dieu figé dans l’arbre, on apprend à tirer du sang d’un paysage, à pétrifier la brume et ses phantasmes, à laver de son maquillage la terre elle-même. A conjurer toutes les formes du sort, hormis une seule, qu’il n’est pas besoin de nommer.

Alors, renonçant à légender l’apparition de peur que sa légende ne la glace, il faut brûler jusqu’à son dernier refuge pour égarer l’ennemi.




Jean Guichard-Meili

in " La Vue Offerte "



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Le vrai

12/10/08



Et maintenant, allez au vrai qui est maîtrise de soi, d’abord, inscrit dans le chiffre de l’homme et de la femme: sept. Je vous renvoie à ce chiffre pour sept ans de réflexion et d’expérience matérielle au contact concret des choses et des êtres. C’est la seule condition qui vous ferme encore la route large et lumineuse de la sagesse d’où l’on domine son destin.

Je suis l’ombre éternelle de Ndebi. Je brasse tout l’univers, dans chaque matière, dans chaque être, en chacun de vous, dans chaque conscience humaine, pour le seconder dans son effort de libération de la chair et des sollicitations morbides qui assaillent l’âme profonde de la création dans son ascension vers la vérité, c’est à dire vers la liberté vraie que vous devez conserver par l’observation de rites millénaires stricts.

Je suis, en vous, cet autre moi-même. Courage, initiés ! La lumière est devant vous.



Boubou Hama

in " Le double d’hier rencontre demain "



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Brouillard

10/10/08



Les filles de la pluie sont douces si je hèle

A travers un brouillard infiniment glacé

Leur corps qui se refuse et la noire dentelle

Qui pend de leurs cheveux comme un oiseau blessé…



René Guy Cadou

in " Femmes d’Ouessant "



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Paysage

09/10/08



Des cheveux tombent

Aussi en arrière.

Ah, grand paysage!




Koi Nagata (1900 ~ 1997)



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Visible

08/10/08



« L’art ne reproduit pas le visible ; il rend plutôt visible. »




Paul Klee

in " The Inward Vision "



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Perception

07/10/08



Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans ce que j’appelle "moi", je bute toujours sur une perception particulière ou sur une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d’ombre, d’amour ou de haine, de douleur ou de plaisir. Je ne peux jamais me saisir, "moi", en aucun moment sans une perception et je ne peux rien observer que la perception.




David Hume

in " Traité de la nature humaine "



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Vieillesse

06/10/08



sous la peau-pierre

passoire-étanche

la vie creuse

son sillon de frissons



Armand Dupuy



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Veillée

05/10/08



Je crois que personne ne s?était endormi sauf

celui qui rassemble le passé dans ses contes

La magie passe de main en main

Quelqu?un sourit dans un de nos costumes

Quelqu?un s?évade d?un costume

Je crois que c?est ce qu?invisible veut dire.



Leonard Cohen



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Ombre

04/10/08



Quand on dépose une chose

Une ombre d’automne

Naît là.



Kyoshi Takahama (1874 ~ 1959)



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Toutes les tours d’ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées et l’homme s’étant enfin accordé à la réalité qui est sienne n’aura plus qu’à fermer les yeux pour que s’ouvrent les portes du merveilleux.




Paul Eluard



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Le cygne

02/10/08



Près d’un château sans châtelaine

La barque aux barcarols chantants

Sur un lac blanc et sous l’haleine

Des vents qui tremblent au printemps

Voguait cygne mourant sirène.




Apollinaire



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Depuis plus de cent ans, les poètes sont descendus des sommets sur lesquels ils se croyaient; ils sont allés dans les rues, ils ont insulté leurs maîtres, ils n’ont plus de dieux, ils osent embrasser la beauté et l’amour sur la bouche, ils ont appris les chants de révolte de la foule malheureuse et sans se rebuter essaient de lui apprendre les leurs.




Paul Eluard

In " Donner à voir "



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