La mémoire naquit d’un coup de bâton. Le temple fut profané par ceux qui travaillent avec les mains, par ceux qui travaillent avec les pieds. Et ce fut le matin, et ce fut la nuit pour ceux qui ont faim, pour ceux qui rêvent et pour ceux dont le coeur a ses raisons.

Je me sauve. Comprenez-le comme vous voudrez, le miracle est là, derrière la porte. Après la guerre, ce fut la guerre et maintenant c’est la guerrre et c’est la lutte impitoyable des crocodiles sous la voûte du cerveau. On déchire dans tous les sens les images de soie et d’or, on rêve de bonté, on marche sur les oiseaux. Et quel silence !




Maurice Blanchard (Le Monde qui nous entoure – 1951)



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Tombeau

25/11/05

Notre vrai tombeau n’est pas dans la terre, mais dans le coeur des hommes



Proverbe persan



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Abstractivation

24/11/05

Peut-on dire que la transformation du fugace en éternel à quoi s’astreint la peinture est une abstractivation?

Sans doute, mais pas plus que le simple geste du promeneur ou du désoeuvré qui d’un plâtras ramassé sur le trottoir dessine sur un mur un visage quelconque ou un signe obscène. Braque, alors que précisément je l’interrogeais au sujet de la peinture abstraite, prit un morceau de craie, et sur le parquet de son atelier, rue du Douanier, esquissa d’un mouvement continu une ligne sinueuse dans laquelle il était impossible de ne pas reconnaître aussitôt un profil de visage humain, du sommet du front à la fuite du menton vers le cou. Puis il me dit: "Est-il rien de plus abstrait que celà ? Et cependant !…" Il entendait par là que le seul fait de tracer sur une surface une ou plusieurs lignes constituait une abstractivation, et que le dessin d’un visage comporte une abstraction de ce visage.




G.Ribemont-Dessaignes (in "Déjà jadis" ou "Du mouvement dada à l’espace abstrait" )





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L’aveugle

24/11/05

Mon Bien-Aimé dit : "Celui-ci, pourquoi vit-il ?

Puisque je suis son âme, comment vit-il sans son âme ?"

Je pleurais, Il dit : "C’est étrange !

Sans moi qui suis ses yeux, comment peut-il pleurer ?"



Rûmi (Rubâi’yât)



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Mallarmé

23/11/05

Nous sommes allés dans la campagne. Le poète « artificiel » cueillait les fleurs les plus naïves. Bleuets et coquelicots chargeaient nos bras. L?air était feu ; la splendeur absolue ; le silence plein de vertiges et d?échanges ; la mort impossible ou indifférente ; tout formidablement beau, brûlant et dormant ; et les images du sol tremblaient.

Au soleil, dans l?immense forme du ciel pur, je rêvais d?une enceinte incandescente où rien de distinct ne subsiste, où rien ne dure, mais où rien ne cesse ; comme si la destruction elle-même se détruisît à peine accomplie. Je perdais le sentiment de la différence de l?être et du non-être. La musique, parfois nous impose cette impression, qui est au-delà de toutes les autres. La poésie, pensais-je, n?est-elle point aussi le jeu suprême de la transmutation des idées ?…

Mallarmé me montra la plaine que le précoce été commençait de dorer :

« Voyez, dit-il, c?est le premier coup de cymbale de l?automne sur la terre. »



Quand vint l?automne, il n?était plus.



Paul Valéry (Variété II)



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Mallarmé

23/11/05

Nous sommes allés dans la campagne. Le poète « artificiel » cueillait les fleurs les plus naïves. Bleuets et coquelicots chargeaient nos bras. L?air était feu ; la splendeur absolue ; le silence plein de vertiges et d?échanges ; la mort impossible ou indifférente ; tout formidablement beau, brûlant et dormant ; et les images du sol tremblaient.

Au soleil, dans l?immense forme du ciel pur, je rêvais d?une enceinte incandescente où rien de distinct ne subsiste, où rien ne dure, mais où rien ne cesse ; comme si la destruction elle-même se détruisît à peine accomplie. Je perdais le sentiment de la différence de l?être et du non-être. La musique, parfois nous impose cette impression, qui est au-delà de toutes les autres. La poésie, pensais-je, n?est-elle point aussi le jeu suprême de la transmutation des idées ?…

Mallarmé me montra la plaine que le précoce été commençait de dorer :

« Voyez, dit-il, c?est le premier coup de cymbale de l?automne sur la terre. »



Quand vint l?automne, il n?était plus.



Paul Valéry (Variété II)



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Dans ce rêve, je faisais un voyage.

Je déambulais sur une petite route, dans un paysage de collines; le soleil brillait, et je découvrais un vaste horizon de tous les côtés.

Puis je m’approchais d’une chapelle. La porte était ouverte et j’entrais. A ma grande surprise, il n’y avait aucune représentation de la Vierge sur l’autel, pas plus que de crucifix, mais seulement un bel assemblage de fleurs.

Mais je vis par terre, devant l’autel, face à moi, un yogi, dans la position du lotus, en état de profonde méditation. Quand je l’observai de plus près, je vis que son visage était le mien. Je partis dans un état de profonde frayeur et me réveillai avec cette pensée: "Ah! Ainsi, c’est lui qui me médite. Il a eu un rêve et je suis ce rêve."

Je sus, dès lors, qu’à l’instant où il se réveillerait je ne serais plus.




C. G. Jung



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Dans ce rêve, je faisais un voyage.

Je déambulais sur une petite route, dans un paysage de collines; le soleil brillait, et je découvrais un vaste horizon de tous les côtés.

Puis je m’approchais d’une chapelle. La porte était ouverte et j’entrais. A ma grande surprise, il n’y avait aucune représentation de la Vierge sur l’autel, pas plus que de crucifix, mais seulement un bel assemblage de fleurs.

Mais je vis par terre, devant l’autel, face à moi, un yogi, dans la position du lotus, en état de profonde méditation. Quand je l’observai de plus près, je vis que son visage était le mien. Je partis dans un état de profonde frayeur et me réveillai avec cette pensée: "Ah! Ainsi, c’est lui qui me médite. Il a eu un rêve et je suis ce rêve."

Je sus, dès lors, qu’à l’instant où il se réveillerait je ne serais plus.




C. G. Jung



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Destin

19/11/05

Si vous lancez une pierre de forme cylindrique sur un plan fortement incliné, vous communiquerez à la pierre son mouvement, son impulsion : bientôt cependant la pierre roule avec rapidité ; elle n?obéit plus à votre main, mais à sa forme et à sa volubilité. Ainsi l?ordre, la loi, la nécessité du Destin mettent en mouvement les causes et les principes de toutes choses ; mais la volonté, les affections particulières de l?âme modèrent l?impétuosité de nos projets, de nos esprits, et président à nos actions.



Aulu-Gelle (in Nuits attiques)



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Maître Secret

18/11/05

Le premier précepte que Pythagore donnait à ses disciples entrant dans la route de la perfection, tendait à les replier en eux-mêmes, à les porter à s?interroger sur leurs actions, sur leurs pensées, sur leurs discours, à s?en demander les motifs, enfin à réfléchir sur leurs mouvements intérieurs et extérieurs, et à chercher ainsi à se connaître. La connaissance de soi-même était la première connaissance de toutes, celle qui devait les conduire à toutes les autres.



Fabre d?Olivet ( in « Examens des Vers Dorés de Pythagore » )



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Le premier précepte que Pythagore donnait à ses disciples entrant dans la route de la perfection, tendait à les replier en eux-mêmes, à les porter à s?interroger sur leurs actions, sur leurs pensées, sur leurs discours, à s?en demander les motifs, enfin à réfléchir sur leurs mouvements intérieurs et extérieurs, et à chercher ainsi à se connaître. La connaissance de soi-même était la première connaissance de toutes, celle qui devait les conduire à toutes les autres.



Fabre d?Olivet ( in « Examens des Vers Dorés de Pythagore » )



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corps lumineux

15/11/05

Quand l?âme vit avec les principes les meilleurs, elle est plus parfaite qu?elle-même, plus semblable à l?Un. Quand elle vit avec les principes pires, elle se divise et se multiplie en eux, comme l?eau dans les éponges ; elle ne perd rien de son être ; mais elle devient seulement raréfiée ou densifiée. C?est ainsi que son corps, je parle de son corps immortel,, demeure à la vérité le même en nombre, mais parfois se ramasse et se concentre tantôt plus, tantôt moins, et parfois se remplit tantôt d?une lumière divine, tantôt se voile de taches génésiurgiques, de sorte que le principe vivant en lui éprouve quelque altération selon la substance.



Damascius (480 ? 550 ?)



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Sages

14/11/05

Semblables à l?oiseau qui porte en haut ses regards, les sages, avides de s?envoler hors du corps et du monde pour un séjour magnifique et bienheureux, dégagent leur esprit des choses périssables et s?appliquent à le rendre plus léger et plus pur, faisant de la philosophie une étude et une préparation à la mort.



Plutarque



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Il y a dans notre vie des matins privilégiés où l?avertissement nous parvient, où dès l?éveil résonne pour nous, à travers une flânerie dés?uvrée qui se prolonge, une note plus grave, comme on s?attarde, le c?ur brouillé, à manier un à un les objets familiers de sa chambre à l?instant d?un grand départ. Quelque chose comme une alerte lointaine se glisse jusqu?à nous dans ce vide clair du matin plus rempli de présages que les songes; c?est peut-être le bruit d?un pas isolé sur le pavé des rues, ou le premier cri d?un oiseau parvenu faiblement à travers le dernier sommeil; mais ce bruit de pas éveille dans l?âme une résonance de cathédrale vide, ce cri passe comme sur les espaces du large, et l?oreille se tend dans le silence sur un vide en nous qui soudain n?a pas plus d?écho que la mer.



Julien Gracq ( Le Rivage des Syrtes)



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sur l?image en éclats

de la barque tardive

Le c?ur est fendu en deux et ne sait ce qu?il veut.

La barque doit aller pour lui ? jour ou nuit ne sont qu?un rideau changeant à traverser. Avancer d?un courage farouche. Pas à cause des hommes. À cause d?énigmes embarrassantes. Le c?ur est fendu en deux en grand secret.



Il y a du mouvement, de la vie dans la barque. Se forment des rangées d?images.

La barque avance avec un courage que nul ne comprend.

Ceux qui restent à terre entrevoient sa course parmi les silhouettes.

Beaucoup d?inattendu s?y mêle. Ce ne sont pas des nouveautés non plus, elles ont déjà été là.



Ce n?est pas cela qui vient des rives proches, des rives séduisantes, c?est en toute hâte une petite salutation :

Ohé ! crie-t-on de la rive, d?une voix à peine audible.

Ohé ! répond-on tout aussi lentement de la barque.

C?est tout.

C?est comme si le temps qui change n?existait pas.



Tarjei Vesaas (La barque le soir)



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Eternité

07/11/05

Un cavalier mystérieux est passé, un nuage de poussière s’est levé.

Il est parti, mais le nuage de poussière est resté.

Regarde droit devant toi, pas à gauche ni à droite :

Sa poussière est ici : L’homme est ici dans la demeure de l’éternité



Rûmi (Rubâi’yât)



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Eternité

07/11/05

Un cavalier mystérieux est passé, un nuage de poussière s’est levé.

Il est parti, mais le nuage de poussière est resté.

Regarde droit devant toi, pas à gauche ni à droite :

Sa poussière est ici : L’homme est ici dans la demeure de l’éternité



Rûmi (Rubâi’yât)



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Roseau

07/11/05

Le "ney" a été coupé par le maître dans l’oseraie

Il l’a percé de neuf ouvertures et l’a appelé Adam

Ô "ney", c’est par cette lèvre que tu es venu au cri :

Vois cette lèvre qui donna à tes lèvres le souffle.




Rûmi (Rubâi’yât)



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labyrinthe

06/11/05

Ce qu’un homme ne sait pas ou ce dont il n’a aucune idée se promène dans la nuit à travers le labyrinthe de l’esprit.



Goethe



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sol y sombra

06/11/05

Que dirais-je de ceux qui se tiennent dans la lumière, mais le dos au soleil ?

Ils ne voient que leurs ombres et leurs ombres sont leurs lois …

… Et qu’est-ce que reconnaître les lois sinon s’incliner et tracer leurs ombres sur la terre ?

….

Vous qui marchez face au soleil,

quelles images reflétées sur la terre peuvent-elles vous retenir ?



Khalil Gibran (1883-1931), "Le prophète"



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Enchaîné…

01/11/05

La vraie valeur d’un homme se définit en examinant dans quelle mesure et dans quel sens il est parvenu à se libérer du moi.



Albert Einstein



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La vraie valeur d’un homme se définit en examinant dans quelle mesure et dans quel sens il est parvenu à se libérer du moi.



Albert Einstein



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