Contresens

30/11/07



Lorsque nombres et figures ne seront plus

La clef de toutes créatures,

Lorsque tous ceux qui s’embrassent et chantent

En sauront plus que les savants profonds,

Lorsque le monde reprendra sa liberté

Et reviendra au monde se donner,

Lorsqu’en une clarté pure et sereine alors

Ombre et lumière de nouveau s’épouseront,

Et lorsque dans les contes et les poésies

On apprendra l’histoire des cosmogonies,

C’est là que s’enfuira devant un mot secret

Le contresens entier de la réalité.



Novalis



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Un jour…

29/11/07



« Ce sera comme dans cette vie. Le même jardin,

profond, profond, touffu, obscur. Et vers midi

Des gens se réjouiront d?être là

qui ne sont jamais connus et qui savent

Les uns et les autres que ceci: qu?il faudra s?habiller

comme pour une fête et aller dans la nuit

des disparus, tout seul, sans amour et sans lampe.

ce sera tout à fait comme dans cette vie… »



Oscar Vladislas de Lubicz Milosz



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Nuit

28/11/07



« L ?univers dort

l?oreille énorme posée

sur sa patte nuitée d?étoiles »



Vladimir Maïakovski

in " Le nuage en Pantalon "



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Aube

27/11/07





L?aube va chasser le silence

Rassemblant ses oiseaux de feutre,

Maintenant la ville apparaît

- Et voici demain qui commence

entre deux nuits et leurs secrets.

L?aube va chasser le silence.



André Hardellet

in " Le Luisant et la Sorgue "



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Alchimie

26/11/07



Ni l’équerre ni le compas

n’ont pu mesurer

un arbre …



Claude Esteban



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Misère

25/11/07



A quelle extrémité de misère faut-il se trouver acculé pour que, sur les mains, le visage, les yeux, les gestes, le corps sublimé, l’âme, évidemment se voie, comme issue de tous les membres, eux-mêmes évanouis ?




R. Guariento ( mort en 1378 )



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Sous le sol

24/11/07



Le jour ne revient pas, dites-vous, mais

seulement sa blessure, le sang

que laisse le soleil quand il s?effondre

au loin

tous les corps oubliés

veulent savoir si quelque chose existe

sous le sol, qui les rassemble, une parcelle

de substance ou rien

que l?ombre, immobile comme

un caillou

peut-être que l?espoir

n?est qu?une entaille dans la chair

une étincelle sans futur

dans la mémoire

ne dites pas, quand vous partez, que c?est

le jour qui meurt.



Claude Esteban



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Le lieu

23/11/07



"Nous regardons le monde et nous voyons l’arbre, la maison, la source,… Mais avant le langage, il y a une sorte de continuité entre l’arbre, la maison et la source : c’est le continu du monde, le fait que les choses existent là en même temps. Cette simultanéité des éléments composant notre univers et qui existe avant le langage, on peut le nommer "le lieu". Or, dans "le lieu", nous sommes impliqués, nous faisons totalité avec lui.

Et la poésie recherche précisément cela : elle est la nostalgie de cette expérience originelle du tout et de l’unité avec le monde".




Yves Bonnefoy



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il y a

noir et noué

un pays

qui conduit jusqu?à l?écho

multiplie l?homme

comme le diamant

la nuit



Marie Bauthias



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Keats

21/11/07



Ici repose celui dont le nom était écrit dans l’eau




épitaphe de John Keats



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Traversée

20/11/07



"Mourir peut-être ne sera que cela,

tourner doucement, corps,

le profil de ton visage dans les miroirs

du côté le plus pur de l’ombre."



José Angel Valente



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Brouillard

18/11/07



Parfois on reconnaît la présence d’un mort.

Il n’a ni mains ni visage. Il est ce brouillard

Qui enveloppe doucement les maisons, les objets, les visiteurs

Réunis là. Il est peut-être cette lumière qui filtre de la chambre à côté.



Ni signes. Ni voix. Mais un espoir indéfini.

Qui annonce un monde meilleur. Cette présence

D’un mort bienveillant comme un nom qu’on voudrait dire

Mais qu’on a oublié. Ou comme une écriture secrète

qu’on ne sait plus faire réapparaître.



Non, il n’a que faire de nos sens. Invisible? Visible?

Mais il nous oblige à parler bas. Il nous approche

Les uns des autres. « N’ayez pas peur ». Il se tient là

Avec cette bonté immense dont il voudrait nous faire part.



Au lieu de l’oreille qui entend voudrais-tu être la chose entendue

Et au lieu de l’?il qui voit, ce contour qui est vu?

Non pas le sens, mais l’arôme. Non pas

La bouche, mais ce goût amer ou doux, ce goût d’herbes?



Ilarie Voronca

in " La poésie commune "



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Nous

17/11/07



Nous sommes cet éphémère,

cette neige nocturne tendue

entre l’inconnaissable du ciel

et la terre des morts.

Le feu. Nous cherchons le feu

lorsque l’eau seule conviendrait à nos nervures!

Et toute cette blancheur vue

à la lampe de notre orgueil,

sans joie, sans leçon préalable de ténèbres,

est un mal qui nous pousse au désert…



Jean-Luc Aribaud

in " Une brûlure sur la joue "



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imperceptible

16/11/07



C’est là. Ça n’a pas d’images.

C’est un souffle dans les heures,

un instant comme arrêté,

on ne sait pas, presque rien.

Un vide sous les visages,

sous les gestes quelque chose

qui vacille : ombre ou mémoire.

Un silence qu’on écoute

avec toujours ce qui parle

sans un mot, ce qui se tait.



Jacques Ancet

in " L’Imperceptible "



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" Le livre est le peu de sable fin pris, un jour, au désert et restitué quelques pas plus loin."




Edmond Jabès



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…l’éphémère, comment peut-il désespérer

alors que le vent est son chemin…



Adonis

in " Mémoire du vent "



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L’Eant

13/11/07



Pleurez, Laris,

Pleurez avec moi,

Pleurez l’exigence et la bonté,

Pleurez celui que vous aimiez,

Le père, le grand frère,

Le chef spirituel de la tribu,

Pleurez le juste qui s’éloigne,

Qui porta dans sa chair

Le poids de vos souffrances.

Pleurez, mais espérez,

Car en quittant le temps

Il abandonne en nous

Sa part d’éternité.







Pierre M’Vouama

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Effilochure

12/11/07



Pierre fracturée

Friable

Enfouie



Efflilochure du rien

Traces possible

Il faut l’usure pour raviver des lueurs



Ce que nous voyons se défait, se désaccorde

On avance vers l’effacement, l’oubli

L’uniformité d’une terre appelée à disparaître



Roger Gonnet

in " Vol naissant "



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Vous aimerez…

10/11/07



Huit années après sa genèse, Gianni Joseph revisite avec le temps de la maturité l?un de ses premiers solos, né de son parcours riche de rencontres avec différents chorégraphes et de la nécessité d?une mise à distance de ces expériences.

Tel un derviche, il s?enivre du mouvement, des "slows motions" et cherche en son centre ses propres points d?ancrages et de mutation.

Comme un deuxième souffle, Hors saison devient un solo pour un Homme qui se fraye un passage dans chaque état de l?existence.

A chaque état, une gamme de couleurs : noirs capiteux, blancs cuisants, rouges divins?

A chaque état une gamme de gestes : de la puissance d?une simple présence à la décharge d?énergie, de la désarticulation à la restructuration, du cercle des volutes à l?élévation.

Lumières, claires de lunes au "passant" des nuages et ambiances de transe sonores nous confondent dans un quotidien de saisons perturbées.

L?obscurité se fond avec la lumière, l?ombre avec son sujet, la mort avec la vie.



A la fois ode à la force de l?humanité et à la puissance terrienne de l?Homme, plainte sur la difficulté d?exister, entre bourreau et victime, Hors saison trouve son ultime issue dans un aria qui chante

la joie d?être un Homme entre terre et ciel.



In site de la Compagnie Gianni Joseph







Photo Patrick André

http://www.ciegiannijoseph.com/

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Désir

10/11/07



Arracher au parfum

L?invisibilité d?une fleur.

………………………………………….

Toucher à la solitude du dehors

Comme on entre au miroir.

………………………………………….

Sentir naître les larmes

Sous astreinte d?infini.

………………………………………….

Laisser les alibis en ruine

Se détacher des yeux.

………………………………………….

Se laisser balbutier

Par un mot juste ouvert.

………………………………………….



Dominique Sorrente

Extraits de " Rituel du métal "

Trente distiques autour du mot "Désir"



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Ce sont des mots

Qui se délivrent des objets

Et les découvrent nus

Las d?habiller la terre

Ils ont senti l?âpre contact des sables

Qu?un simple courant d?air soulève

Ils ont sorti de leur refuge

Les images cachées

L?aube découvre une autre terre



Paul Pugnaud

in " C’était hier et c’est demain "





Sculpture de Jonathan Borofsky

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Âme

08/11/07



L?âme a deux yeux : l?un regarde le temps, l?autre se lève vers l?éternité.




Angélus Silesius

in " Le Voyageur Chérubinique "

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Celui qui marche d?un pas lent dans la rue de l?exil

C?est toi

C?est moi

Regarde-le bien, ce n?est qu?un homme

Qu?importe le temps, la ressemblance, le sourire au bout des larmes

l?étranger a toujours un ciel froissé au fond des yeux

Aucun arbre arraché

Ne donne l?ombre qu?il faut

Ni le fruit qu?on attend

La solitude n?est pas un métier

Ni un déjeuner sur l?herbe

Une coquetterie de bohémiens

Demander l?asile est une offense

Une blessure avalée avec l?espoir qu?un jour

On s?étonnera d?être heureux ici ou là-bas.



Tahar Ben Jelloun



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Celui qui était mort

que nous avons ressuscité,

et à qui nous avons remis une lumière

pour se diriger parmi les hommes,

est-il semblable à celui qui est dans les ténèbres d’où il ne sortira pas ?



(Coran VI, 122)



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Le Tout est Un

04/11/07



« Notre verre était la pleine lune. Lui, il est un soleil , un croissant le fait circuler. Que d’étoiles resplendissent quand il est mélangé.

On a fait une distinction , mais le tout est un, nos esprits sont le vin et nos corps la vigne. »



Omar Ibn AI Fâridh

in " AL KHAMRIYA "



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Rêves

03/11/07



Le moulin et le peuplier

rêvent ensemble

et parlent de l?eau qui passe



Michel Cosem

in "Haïkus "



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…Y?avait trois goutt?s de sang

Qui faisaient comm?un?fleur

Comm?un p?tit coqu?licot, Mon âme !

Un tout p?tit coqu?licot.



Raymond Asso

in chanson " Comme un p?tit coquelicot " -1951



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