Vie

31/05/09



Je te célèbre Ô vie

Entre cavités et songes

Intervalle convoité

Entre le vide et le rien.


Andrée Chédid
in  » Rythmes « 

vie22

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Ferveur

29/05/09



Persiennes closes pour la sieste


une échancrure où se dénouent nos soifs



passage à gué entre songe et éveil


on suit le fil d’un cerf-volant


dans un pays qui nous échappe



on met à nu nos visages


à l’écoute des commencements


accord solaire dans la ferveur des mains



sans crier gare


la trame de nos gestes a signé l’invisible


Mireille Fargier-Caruso
priere22

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Ô parole indivisible

Est-ce l’herbe des charniers


L’immobilité d’un mur

Ou la mort criblée d’images


L’aveu même d’être là

Comme l’énumération


D’un étang et d’un village

Tourbe neige cuivre école


Jusqu’au nom de chaque jour

Dans le signe sur les portes


Bernard Vargaftig
in  » Éclat & Meute « 

porte22

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La nuit écrit. Élargissant l’espace, extravaguant la page, pulvérisant le cercle de


pierres. Et enrôlant la mort. On lui doit un surcroît de force, et l’aggravation du


silence. On lui doit de toucher l’extrême fond de la faiblesse, et la cime de nos


plissements.


Jacques Dupin

in  » Écarts « 

stone22

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Mouvement

26/05/09

Difficile à comprendre


Est à quoi tend

Le mouvement, sinon


A l’arrêt définitif,

Avec


De temps en temps la grâce

De quelque halte partagée »


Eugène Guillevic

in  » Étier « 

mouvement224




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Le somnambule

25/05/09



c’était un si jeune homme. je l’ai vu passer dans les branches — un tout petit —

un souterrain passage — quelque chose comme une marche à travers les arbres

avec ce qu’il y a de nuit — de refus — de rigueur. certes on ne sait pas — on n’est

plus de chaleur vivante. ému en plus — au-delà de toute espérance et dans la

main déjà légère — transparente — déjà — le testament des feuilles qui vont

partir.

.                                      un tunnel — un passage petit.


.                                      venant du citadin marais.

mais allant où ?


Marianne van Hirtum

in  » Les Insolites « 

enfant22

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Aride vérité que celle du silence,

inaccompli sommeil que celui de l’oubli.


Notre marche est muette,

notre langage est immobile

notre effort,

notre lent, notre lourd, notre indistinct effort

est inutile


****


Nos bouches sont des puits,

nos bouches sont des failles.

Y coule une rivière

de silence épaissi.

Nous apprenons à taire une voix souterraine,

à sceller de nos mains la blessure têtue,


l’aube de notre nuit se recouvre d’écailles

et la mue de nos yeux a des reflets de boue,


nous apprenons à voir la splendeur de l’abîme

et du corridor nu aux échos oubliés.

Une sueur épaisse a recouvert nos rêves,

lisière grêle où fermente le temps.

un paysage nouveau se dessine,

à perte de vue


Pierre Maubé

in  » Nulle Part « crane22

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Objets de terre

22/05/09

Nous voulions être comme les objets de terre

Être là pour ceux qui, le matin à cinq heures, boivent leur café
dans la cuisine

Appartenir aux tables simples

Nous voulions être comme les objets de terre faits
de la terre des champs

Et aussi, que personne ne puisse tuer avec nous

Nous voulions être comme les objets de terre

Au milieu

de tant

d’acier

qui roule


Reiner Kunze

in  » Un jour sur cette terre « 

peasant

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Pensée

21/05/09

La seule écriture parfois libère de la pensée. Est, dans son flux, de la pensée qui

s’invente, germe d’elle-même, dans les mots.


Roger Munier

in  » Opus incertum « 


voynich22


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L’infini

19/05/09


une fois


par nuit


à mesure


d’homme


brille l’infini


sur une lame


lisse


Giacinto Scelsi

in  » L’Homme du son « 
baie22__________________________________

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Oreiller

18/05/09



Reste-t-il du temps

pour lui dire,

Mère,

bonsoir,

je suis revenu

avec une balle dans le cœur.

Mon oreiller est là

je veux m’allonger

et me reposer.

Si la guerre

revient frapper à la porte

dites-leur : il est en train

de se reposer..


Ghassan Zaqtan

dormeur22

____

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Bord du temps

16/05/09

Tes mains sont fluides et je te suis rivière


À la patère du ciel


Une mouette accroche son cri blanc


La mer relève un peu la tête


Ce bord de sable est-il un bord du temps ?


Je ne sais plus ce qui est vieux ce qui est vert


Ni ce qui nous attend


Le soir se lève


Enfance


Oiseau couleur lumière de mer


Gabrielle Althen

in  » Cœur fondateur « 

mouette22

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Sagesse

14/05/09

“Ta sagesse est si grande, disait le renne, tu sais tresser les vents du monde en unique torsade”


H.C. Andersen

in  » la Reine des Neiges « 

torsade1

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Voir…

13/05/09

On ne voit bien les choses que lorsqu’on pense qu’elles nous regardent.


Roger Munier

in  » Opus incertum « 

vangogh1

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Seulement signe

12/05/09

O allume


tes yeux


de la couleur de naître.


Alejandra Pizarnik
in  » Œuvre poétique « 

rhino

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J’ai déchiré l’étang

La ligne des araignées d’eau des

Horizons de sang

Ici les arbres sont des hérons

Vertigineux

Des pêcheurs à échine courbée

Souffrant sur leur jambe

Réflexion de lignes qui tarde

A remonter de plus loin

Sa mémoire

Et voit passer les barques

Et les hommes dedans à profil de foulque

Ailes closes autour d’un secret

Dont le sens baigne les racines

De ceux qui pêchent encore

Comme de grands oiseaux sinueux

Au bord des rives


Sophie Loizeau

in «   Le Corps saisonnier « 

etang

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En lisant les carnets philosophiques de Léonard

J´ai lu
que la cloche
conserve en elle
le tintement.


Que l´oeil
conserve en lui
les images du corps lumineux.


Que des prolongations sont possibles
au-delà des choses.


Que la preuve ne vaut rien
sans preuve du contraire.


Que le soleil
n´a jamais vu
aucune ombre.


Que les âmes sont issues
du soleil.


Que la Lune est dense et lourde,
dense et lourde.


Que l´effet participe
de la cause.


Que l´air est rempli
de nombreuses lignes droites.


Walter Helmut Fritz
in  » Semences « 

conserve

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Seuil

09/05/09

Tu fus conduit au seuil du monde, seuil de toi-même reflété en ce lent voyage,

bourrasque et brouillard, désormais tu reposes en chaque instant, merveille et

miracle désormais.


Il fut un temps où la feuille se détachant de la branche se séparait d’elle-même,

au passage des ans se fissurait, os scindé, poussière comme ruine de soi.


Hélène Dorion

in  » Mondes fragiles, choses frêles « 

seuil

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L’entre-deux

08/05/09

Le Tout ne serait-il que l’envers du Rien ?

Mais le Rien est peut-être un autre nom du Tout ?

Qui a parlé ?         C’est moi peut-être

ou bien personne        ou bien celui

qui passe   qui s’éloigne    et qui déjà se tait


Claude Roy

in  » Les Rencontres des jours « 

janus1_____________________________________

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Souvent m’apparaissent, dans le retrait de moi-même, les masques du vide.

Les masques que prend le vide ne sont pas pleins. Ce ne lui est pas nécessaire.

Quelques traits infimes veillent à le masquer ; y suffisent. Assurément, il est

là, on l’oublierait presque… …Ces masques vont ordinairement par deux et

s’impriment, frêles mais durs, dans le disque achevé de l’univers.

On pourrait croire à des gestes, à l’algèbre des gestes arrêtés dans un

cataclysme pompéien. Mais aucune trace de cataclysme. Au contraire une

étrange immobilité, et partout dans le Spectre même de la puissance, la succion

effroyable du Vide.

Il y a aussi les déserts du matin, jonchés d’animaux morts…..


Henri Michaux

in  » Épreuves, Exorcismes « 

masqueneutre10

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Mélusine

05/05/09

S’il n’y avait ta fontaine, Mélusine,

pour garder au vif du cœur

une deuxième issue à tous les contes,

depuis longtemps nous serions réduits

à la résurrection pétrifiée

d’une île de Pâques –


Mais quand ton visage-écho

où s’épand l’ancolie des fatigues,

s’exerce à l’agonie dans l’or du Sabbat,

notre sang boit le souvenir

dans un paysage

qui fut là déjà

et dans la pré-naissance doucement assoupie

de l’âme –


Nelly Sachs

in  » Exode et Métamorphose « 

melusin

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Une fontaine est posée entre les murs, sa pluie avive les couleurs projetées dans

la lumière. Dans la maison abandonnée, une chambre bleue a reçu un trait de

pinceau piaillant et des oiseaux sont nés qui hurlent leur rougeur innocente

entre les becs des lustres oubliés.


Béatrice Bonhomme

in » la Maison abandonnée « 

matisse22

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Je suis…

03/05/09

Je suis au Nord un pavillon de bois dans la selva rouge, un mât-totem indien

devant lequel on se rassemble pour célébrer le culte d’Osiris, près d’un mur de

rocailles où les serpents fluctuent, fibres et coulis, replis d’os, mues de champs, je

suis à l’Est une gare routière où des autobus entrent & sortent de mon corps

comme des humeurs, comme le fleuve boueux qui charrie les troncs à Kajaani et

sur tous les lacs de ce pays, fleuve fou des fulgurations, je suis à l’Ouest un océan

où naviguent des vaisseaux qui cherchent la nacre et le corail, dont les équipages

relèvent les filets, qui sillonnent la mer Rouge, je suis cet océan, cette étendue

captive et capiteuse, cette lumière & cette poussière d’îles, je suis ce bouillon de

culture, cette pêche, ces casiers d’huîtres, ces filins de mousse recouverts, je suis

au Sud un hôpital, la chambre de Rimbaud, le pavillon des contagieux, le billard &

la chaise électrique, les voiliers dans la baie d’Auckland, la brûlure, la plaie, la

gangrène, le poison, la septicémie, le virus, le cancer, le capricorne, je suis Us-Yri,

les îles éparses d’un archipel, le sperme brûlant qui gicle & le sang qui jaillit en

bouillons rouges, la trame, le tissu, le pain, la chair & le tendon, la feuille & le

pistil, l’utérus rétractile & le vagin ouvert, je suis la démence, la végétation, les

climats & les saisons, la pluie…. »


Frédéric-Yves Jeannet

in  » Charité « 

osiris-noir

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Une ville

02/05/09

Qu’est ce qu’une ville ? Un lieu où dans un ordre donné sont célébrées les noces

de l’espace et du temps. Il y a des villes qui nous habitent où, Gullivers de rêve,

nos têtes sont dans les arbres et nos pieds dans les fontaines, et des villes où le

ruban des rues se coupe après notre passage rendant tout retour à jamais

impensable.

Ce sont quelquefois les mêmes, comme cette ville de pierre où les ombres des

arbres dessinent des portes obscures, car au cœur de la pierre il y a le jardin

transparent. Entre les rideaux tremblants des feuilles, les gestes des statues

indiquent un commencement absolu. Attentifs à une réponse nous ne posons

plus de questions. Le mystère est dans son absence qui peut redevenir présence

car il y a danger.


Derrière attend un ciel très pâle, la musique continue en silence et les cœurs

s’arrêtent sous la main. Une ville qui s’ordonne comme une musique pour la

musique n’est pas ce côté-ci du jour. L’amour ici ne peut être qu’impossible, c’est-

à-dire tout.


Heather Dohollau

in  » Une Suite de matins « 

mur22

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