Visage

30/11/09

Toucher son propre visage équivaut à plonger la main dans l’eau trouble ou à

déranger la forme d’un nuage de fumée. Les enfants ont leur visage d’or comme une

tache de soleil au milieu de la mer, hors de portée.


Eugène Savitzkaya

in  » Les Règles de solitude « 

child23

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L’instant

29/11/09

L’instant


ne passe pas il

ploie sous son chargement d’images


plie les genoux comme


le chameau devant le chas de l’aiguille


Marie-Florence Ehret

in  » que la musique « 

camel23

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…………….

Vert c’est vert que je te veux.

D’amples étoiles de givre

Le poisson de nuit dirigent

Traçant de l’aube la piste.

Le figuier frotte sa brise

Au crin dur de ses ramages.

La montagne chat sauvage

Hérisse pointes d’agaves.

Qui viendra ? De quel côté ?

Elle à son balcon restée

Chair verte et le cheveu vert

Rêve amère de la mer.

……………

Federico García Lorca

in  » Romancero gitan « 

femmegreen

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une hirondelle              en feu traverse le       granit

la poésie contre la mort le              parie


Jérôme Thélot

in  » Contre la mort « 

hirondelle

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Départ

26/11/09

L’horizon s’incline

les jours sont plus longs

Voyage

Un cœur saute dans une cage

Un oiseau chante

Il va mourir

Une autre porte va s’ouvrir

Au fond du couloir

Où s’allume

une étoile

Une femme brune

La lanterne du train qui part


Pierre Reverdy

in  » Plupart du temps « 

train23

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L’arbre qui frémit devant notre fenêtre

Est comme une autre chambre où nous ne pénétrons

Qu’au moment de dormir et dans les environs

Du rêve, quand il est malaisé de connaître

Ce qui distingue l’âme du corps, et la nuit.

Alors nous devenons peu à peu ce feuillage

Qui chuchote sans cesse et peut-être voyage

Avec notre sommeil qu’il héberge et conduit

Dans la profondeur même où les racines plongent,

Où vague sous le vent le sommet des rameaux.

Nous dormons, l’arbre veille, il écoute les mots

Que murmure en dormant l’arbre confus des songes.


Jacques Réda

in  » Retour au calme « 

arbre123

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Le paysage

19/11/09

L’horizon, surligné d’accents vaporeux, semble écrit en petits caractères, d’une encre

plus ou moins pâle selon les jeux de lumière.

De ce qui est plus proche je ne jouis plus que comme d’un tableau,

De ce qui est encore plus proche que comme de sculptures, ou architectures,

Puis de la réalité même des choses jusqu’à mes genoux, comme d’aliments, avec une

sensation de véritable indigestion,

Jusqu’à ce qu’enfin, dans mon corps tout s’engouffre et s’envole par la tête, comme

par une cheminée qui débouche en plein ciel.


Francis Ponge

in  » Pièces « 

paysage123

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Depuis l’enfance j’écris à la lampe d’un son mort

Qui heurte en moi la musique où dormir. Maintenant

La lampe tombe, ma tête tombe. La musique

Se déchire. Des mottes de sons morts mûrissent en moi.

Craquent dans ma peau d’âne. Tapent et frappent.

Il faut tout leur livrer et rouler avec eux dans le peu de terre.


Michèle Finck

in  » L’ouïe éblouie « 

PIC

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Sur la route

18/11/09

Douce détresse de l’automne,

des abois très lointains,

une échauffourée de nuages, comme un remuement

de souvenirs qui se cachent.

Et la lisière des peupliers pour donner figure

à la lumière qui va venir.


André Frénaud

in  » Nul ne s’égare « 

arbre23

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L’initiale

15/11/09

Poussière fine et sèche dans le vent,

Je t’appelle, je t’appartiens,

Poussière, trait pour trait,

Que ton visage soit le mien,

Inscrutable dans le vent.


Jacques Dupin

in  » Gravir « 

dust23

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Donnez-moi…

14/11/09

Donnez-moi une jeune femme avec sa harpe d’ombre

Et son arbuste de sang. Avec elle

J’enchanterai la nuit.


Herberto Helder

in  » Le Poème continu « 

harpiste23

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Le bleu renaît du gris, comme la pulpe éjectée d’un raisin noir.

Toute l’atmosphère est comme un œil trop humide, où raisons et envie de pleuvoir

ont momentanément disparu.

Mais l’averse a laissé partout des souvenirs qui servent au beau temps de miroirs.


Il y a quelque chose d’attendrissant dans cette liaison entre deux états d’humeur

différente. Quelque chose de désarmant dans cet épanchement terminé.


Chaque flaque est alors comme une aile de papillon placée sous vitre,

Mais il suffira d’une roue de passage pour en faire jaillir la boue.


Francis Ponge

in  » Pièces « aile23

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……………

écoute-moi comme on entend la pluie,

sans écouter, écoute-moi parler

les yeux ouverts sur l’intérieur,

assoupie, chaque sens en éveil,

il pleut, des pas légers, rumeurs de syllabes,

l’air et l’eau, paroles qui ne pèsent :

ce que nous étions, ce que nous sommes

les jours et les années, cet instant même,

temps qui ne pèse, lourde peine,

écoute-moi comme on entend la pluie,

……………….


Octavio Paz

in  » L’arbre parle « 

ecoute23


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Il était une fois une petite fille si belle qu’elle mourut


Le rapport qui lie indissolublement la beauté à la mort, lie, de la même façon, la mort

à l’enfance. Là réside entièrement le secret du poème (ou de l’art). Toute beauté

procède des mortes enfances du cœur — du point de rupture de l’unité, du

déchirement de la faute, de la césure et de la faille. Toute beauté naît de la douleur

d’être et porte cette douleur comme la fleur fragile de sa structure. Après seulement

commencent la grammaire des formes et la logique de l’expression. Au

commencement : blessures et brisure, désir du cri, retenue du cri, renoncement au

cri pour une forme plus pure.


Je me disais, comme à propos d’une montagne, la beauté est au versant, là où l’amour

s’est rompu et replié dans sa mémoire jusqu’au vide où le désir le retient.


Claude Louis-Combet

in  » Le petit œuvre poétique « 

fille23

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A une morte

10/11/09

……………………………

comme la mer contenue

toute une vie enlacée

et sur les innombrables poitrines des vagues

l’incessant froissement des ours effleurés

………………………….

pourrais-je oublier l’attente comblée

le temps ramassé sur lui-même

le jour jaillissant de chaque parole dite

le long embrasement de la durée conquise

…………………………….



Tristan Tzara

in  » Juste présent « 

vagues23

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