Éveiller celui qui dort

est un acte ordinaire et quotidien

qui pourrait nous faire frémir.

Éveiller celui qui dort,

c’est imposer à l’autre

l’interminable prison de l’univers,

de son temps sans déclin ni aurore,

lui révéler qu’il est quelqu’un ou quelque chose,

soumis au nom qui le dévoile

et à l’amoncellement des hiers.

C’est enfreindre son éternité.

C’est l’accabler de siècles et d’étoiles.

C’est rendre au temps un autre Lazare

chargé de souvenirs.

C’est faire injure à l’eau du Léthé.


Jorge Luis Borges

in  » Les Conjurés « 

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