La césure

08/09/10

L’interruption du langage, le suspens du langage, la césure (la ?suspension

anti-rythmique? disait Hölderlin), c’est donc cela, la poésie : ?le souffle et la parole

coupés?, le ?tournant? du souffle, le ?tournant à la fin de l’inspiration.? La poésie

advient là où cède, contre toute attente, le langage. Très exactement au défaut de

l’inspiration, et cela peut s’entendre de deux manières au moins ; ou, plus

exactement encore, à la retenue de l’expiration, du souffle : quand ça va continuer

de parler (de discourir) et que quelqu’un, soudain libre, interdit ce qui allait se

dire. Quand une parole advient, dans le pur suspens du parler. La poésie est le

spasme ou la syncope du langage1. Hölderlin nommait la césure : la ?pure parole?


Philippe Lacoue Labarthe

in  » La Poésie comme expérience « 

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