« Il n’y a pas de différence entre la naissance éternelle, la réintégration et la

découverte de la Pierre philosophale. Tout étant sorti de l’éternité, tout doit y

retourner d’une même façon. »


Jacob Böhme

in  » De Signatura Rerum « 

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Grandir

11/12/10

Comme une pierre mal tombée

Se redresse bizarrement


Un petit garçon s’arrête

Ne sait pas qu’il tord sa bouche

Comme un fragment sorti de la terre.


Il ne bouge pas, déjà

La salive qu’il avale touche sa gorge.


Comme du malheur qu’on pourrait caresser

Cet oiseau qu’il trouva, écrasé et soyeux,

C’était un matin.


Ce qui nous appelle ne bouge pas, parfois

La grande violence est venue avant.


Ariane Dreyfus

in  » La Terre voudrait recommencer « 

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Le Gong

09/12/10

Le gong rend un son


comme si un soi blessé l’habitait.


Quand on le frappe, il résonne longtemps, longtemps


Profond est le lieu de la blessure.


Hwang Chi-Woo


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Aubépine et rouge-épine


branches entremêlées


à la vie à la mort


Rameaux d’écume


rouge dans le blanc


blanc dans le rouge


Bois fleurissant


à la vie à la mort


Reiner Kunze

in  » Nuit des tilleuls « 

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Arbre

30/11/10

La déchirante beauté d’un arbre


qui meurt lequel


retient encore un peu ses feuilles


cette grâce distante que seul ce


qu’on abandonne affecte de posséder


ces couleurs implicites qu’ont les choses


quand elles s’achèvent


la vie qui est autour de lui dans le bois


le chant des branches et l’horizon


la vallée,


le spectacle incroyable


antique et nouveau d’un crépuscule.


Mauro Fabi

in  » Le Domaine des morts « 

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Et ainsi quoi d’autre que de rester les bras pendants,


le cœur entassé et ce goût de poussière


que fut fleur ou chemin –


Le vol dépasse l’aile.


Sans humilité, savoir que ce qui reste


a été gagné à l’ombre par œuvre de silence ;


que la branche dans la main, que la larme obscure


sont héritage, l’homme et son histoire,


la lampe qui éclaire.


Julio Cortázar

in  » Crépuscule d’automne « 

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gentianes

25/11/10

A gauche de la piste qui suit en ligne droite le fond de la combe se déploie,

versant ensoleillé sans trace ni ride aucune, une étendue lisse, lumineuse, nue.

Pur espace que jonchent par poignées, délicatement, des tiges de gentianes sèches,

courts traits droits ou obliques, parfois brisés, sortant de la neige, telles les barbes

d’une gravure effacée. On dirait, dans le silence sans pesanteur qui règne,

une broussaille, plutôt un égaillement de sons à peine audibles, parents,

presque égaux, soumis à aucun ordre, qu’on tenterait vainement de rassembler,

résonnant toutefois comme la promesse d’une musique future faite de

tintements, toute proche quoique affaiblie par la distance.


Pierre Chappuis

in  » La Rumeur de toutes choses « 

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Jusqu’au bout, dénouer, même avec des mains nouées.


Philippe Jaccottet

in  » Ce Peu de bruits « 

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Dans la voûte du soir chaque oiseau est un point du souvenir.


Je m’étonne quelquefois que la ferveur du temps


revienne, sans corps revienne, déjà sans but revienne ;


que la beauté, si brève dans son amour violent


nous réserve un écho lorsque la nuit descend.


Julio Cortázar

in  » Crépuscule d’automne « 

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Ciel fermé

20/11/10

Ciel couleur de fumées basses, de cendres qui auraient tout oublié du feu qu’elles furent.

Ciel qui efface le souvenir des saisons plus heureuses. Ciel fermé, porte murée.


Tout ce qui se ternit, ne renvoyant plus la lumière.


Philippe Jaccottet

in  » Ce Peu de bruits « 

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Ma tête


est un arbre


toutes mes paroles


sont les feuilles


que je caresse


et plus je les caresse


plus elles te parlent


Henri Meschonnic

in  » Demain dessus demain dessous  »

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Le paon mort

16/11/10

un paon mort en rêve
la lune éclaire son corps

des cactus envahissent
la chambre sur le toit

vieux oiseaux desséchés
empalés sur piquants

dans leur gorge gémissent
des vents qui appellent

le paon mort se dresse
corps luisant de lucioles

lune pendue à la chaîne
sur une horloge noire

chavire les arbres et
la maison se décompose

un paon mort en rêve
ses yeux s’ouvrent clairs


Joy Goswami

in  » Suryo pora-cha « 

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Granum Sinapis

14/11/10

Deviens tel un enfant,


rends-toi sourd et aveugle !


Tout ton être devenir néant,


dépasse tout être et tout néant !


Laisse le lieu, laisse le temps,


et les images également !


Si tu vas par aucune voie


sur le sentier étroit,


tu parviendras jusqu’à


l’empreinte du désert.


MAITRE ECKHART

in  » Le grain de sénevé « 

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Janus

12/11/10

un visage à la nuque


et tu vois ce qui est


moins rare qu’un ange


Bernard Noël

in  » La Moitié du geste « 

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Guerres

10/11/10

les guerres défilent vers le passé

empilant tertre sur tertre


qui pointent dans le gel


derrière eux les petites maisons

arborent leurs lampes brillantes


pour les êtres qu’elles ont perdus


Joy Goswami

in  » Suryo pora-cha « 

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j’entends des cris


ils viennent du bout du monde


ils tournent comme des enfants


autour de moi


chaque cri est un visage


je me vois en eux


je me multiplie en eux


et leurs cris deviennent


mon visage


je ne me reconnais plus


mais plus je les entends


plus je deviens ce que je suis


Henri Meschonnic

in  » Demain dessus demain dessous « 

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Nuit

05/11/10

……..

S’il existe une consolation


elle se trouve dans l’espace


dans la couleur de l’air


Idée parfaite de la liaison


hors le temps, dans l’étendue


inconcevable d’un champ de particules


Dans la durée


impalpable d’une


mémoire incertaine


Paul Louis Rossi

in  » Visage des nuits « 


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Les cendreux

03/11/10

ce sont eux les cendreux, les éteints


couve la braise dans leur bois

semi-carbonisés enterrés sous les couches de vase


ils fuient depuis des décennies

chaque seconde est centuplée par le passage

c’est mon travail aujourd’hui de sonder leurs lits


les couvrir tendrement


dans des draps de boue

ce sont nos mères nos pères. je dois trouver leurs os


creuser cent trous tombes tranchées, il faut

fouiller des années de chagrin colère cendre et sang


Joy Goswami

in  » Suryo pora-cha « 

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Précipice

02/11/10

Nul ne peut expliquer pourquoi


le dernier arbre au bord du précipice


a cette étrange forme double


qui semble vouloir retenir quelqu’un


de tomber dans la pente invisible


or il n’y a personne


absolument personne


alentour ni à l’horizon


aucun poids non plus pour jouer


le rôle de la chute


c’est dans le même silence


au zénith à midi ou la nuit


échevelé de tremblantes étoiles


que l’arbre est là et qu’il paraît veiller


sur quelqu’un qui ne viendra pas


à qui peut-être on a dit : « prenez garde !


attendant depuis trop longtemps


cet arbre mort ne saurait plus


empêcher son seul fruit de tomber


François Montmaneix

in « Peintures noires »


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L’âme dort

01/11/10

L’âme dort


les organes internes sont


en bonne santé


les cellules brûlent


avec une ardeur soumise


invisible est le paisible


ronronnant enfer


le suave fléau


d’âme rate


cœur boyaux.


Bartolo Cattafi



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La vide lumière

29/10/10

ce qui en moi dit non

me chasse du présent

voici la vide lumière


ne cède pas à l’ange

le destin n’est ni clair ni sombre

il est le lieu mobile


où le dedans et le dehors

se croisent

en forme de je


Bernard Noël

in  » La Moitié du geste « 


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Comme un arbre..

26/10/10

moi


comme un arbre


je dis oui à tous les souffles


c’est ce qui me tient lieu de pensée


sinon que mes racines


parfois me montent à la tête


et je ferme les yeux


sur ce que je suis


moins je sais ce que je dis


moins je sais ce que je suis


plus les paroles me poussent


bientôt je serai


avec toi une forêt


Henri Meschonnic

in  » Demain dessus demain dessous « 

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LES POMMES

22/10/10

Un temps


l’esprit serpente en certaines choses


les réveille les attise


rend l’air vif renverse


le panier de pommes


le pommes roulent le long de la sente


qui peut également ne pas être en descente


ni sombres ni joyeuses


elles finissent leur course dans l’herbe


parmi les pierres


trognon pulpe peau


l’esprit a disparu.


Bartolo Cattafi

in  » L’Alouette d’octobre « 

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chaque passant


est un soleil


nous passons


dans la lumière


les yeux fermés


avec l’inquiétude


de ne pas nous reconnaître


dans la foule


je te serre


de tous mes yeux


Henri Meschonnic

in  » Demain dessus demain dessous « 

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LA LIGNE LE FIL

19/10/10

La ligne le fil


que tu extrais depuis le touffu du dessin


sont de par eux-mêmes un dessin


à apprendre par cœur


à aimer


lorsque la jungle le fil le labyrinthe


font pression sur nos portes


les ouvrent grand


et que sous leur poussée tu vacilles.


Bartolo Cattafi

in  » L’Alouette d’octobre « 

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Ton corps

18/10/10

Ton corps


Chante                  Dans l’obscurité


Plus rapide encore qu’un destrier lancé dans sa course


Au centre des dures empreintes de sabot


Il brosse les feuilles        Le plaisir     Mes épaules


Jangbu (Chenaktsang Dorje Tsering)

in  » Neige d’août n°18 « 

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12/10/10

en chaque mot

un nom perdu

l’autre s’éloigne


ô buée

pour être là

il faut faire du temps


Bernard Noël

in  » La Moitié du geste « 

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Quand je mourrai, fiston,

Que ce soit moi, l’enfant, le plus petit.

Et toi, prends-moi dans tes bras

Et emmène-moi au-dedans de chez toi.

Déshabille mon être humain et fatigué

Et couche-moi dans ton lit.

Et raconte-moi des histoires, au cas où je me réveillerais,

Pour que je puisse me rendormir.

Et donne-moi des rêves à toi pour que j’en joue

Jusqu’à ce qu’en naisse certain jour

Dont toi seul sais bien ce qu’il est.


Fernando Pessoa



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Fournaise

08/10/10

fournaise force mes yeux à s’ouvrir. soulevant une strate

sable j’émerge. plus de glace sur les monts

les arbres sont devenus bâtons

la ville de fer aux briques noires une masse de boue et béton


en roue géante le soleil éparpille son jaune pâle

après ces millions d’années, le ciel est à bout

son énergie consumée dans les airs


autour un océan de sable, les mains jointes

j’invoque le ciel : descends sur moi,

macule mon front de ton soleil de cendre


Joy Goswami

in  » Suryo pora-cha « 

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……

Éveiller celui qui dort,


c’est imposer à l’autre


l’interminable prison de l’univers,


de son temps sans déclin ni aurore,


lui révéler qu’il est quelqu’un ou quelque chose,


soumis au nom qui le dévoile


et à l’amoncellement des hiers.


C’est enfreindre son éternité.


C’est l’accabler de siècles et d’étoiles.


C’est rendre au temps un autre Lazare


chargé de souvenirs.


C’est faire injure à l’eau du Léthé.


Jorge Luis Borges

in  » Les Conjurés « 

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