gentianes

25/11/10

A gauche de la piste qui suit en ligne droite le fond de la combe se déploie,

versant ensoleillé sans trace ni ride aucune, une étendue lisse, lumineuse, nue.

Pur espace que jonchent par poignées, délicatement, des tiges de gentianes sèches,

courts traits droits ou obliques, parfois brisés, sortant de la neige, telles les barbes

d’une gravure effacée. On dirait, dans le silence sans pesanteur qui règne,

une broussaille, plutôt un égaillement de sons à peine audibles, parents,

presque égaux, soumis à aucun ordre, qu’on tenterait vainement de rassembler,

résonnant toutefois comme la promesse d’une musique future faite de

tintements, toute proche quoique affaiblie par la distance.


Pierre Chappuis

in  » La Rumeur de toutes choses « 

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