Mallarmé

23/11/05

Nous sommes allés dans la campagne. Le poète « artificiel » cueillait les fleurs les plus naïves. Bleuets et coquelicots chargeaient nos bras. L?air était feu ; la splendeur absolue ; le silence plein de vertiges et d?échanges ; la mort impossible ou indifférente ; tout formidablement beau, brûlant et dormant ; et les images du sol tremblaient.

Au soleil, dans l?immense forme du ciel pur, je rêvais d?une enceinte incandescente où rien de distinct ne subsiste, où rien ne dure, mais où rien ne cesse ; comme si la destruction elle-même se détruisît à peine accomplie. Je perdais le sentiment de la différence de l?être et du non-être. La musique, parfois nous impose cette impression, qui est au-delà de toutes les autres. La poésie, pensais-je, n?est-elle point aussi le jeu suprême de la transmutation des idées ?…

Mallarmé me montra la plaine que le précoce été commençait de dorer :

« Voyez, dit-il, c?est le premier coup de cymbale de l?automne sur la terre. »



Quand vint l?automne, il n?était plus.



Paul Valéry (Variété II)



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Dans ce rêve, je faisais un voyage.

Je déambulais sur une petite route, dans un paysage de collines; le soleil brillait, et je découvrais un vaste horizon de tous les côtés.

Puis je m’approchais d’une chapelle. La porte était ouverte et j’entrais. A ma grande surprise, il n’y avait aucune représentation de la Vierge sur l’autel, pas plus que de crucifix, mais seulement un bel assemblage de fleurs.

Mais je vis par terre, devant l’autel, face à moi, un yogi, dans la position du lotus, en état de profonde méditation. Quand je l’observai de plus près, je vis que son visage était le mien. Je partis dans un état de profonde frayeur et me réveillai avec cette pensée: "Ah! Ainsi, c’est lui qui me médite. Il a eu un rêve et je suis ce rêve."

Je sus, dès lors, qu’à l’instant où il se réveillerait je ne serais plus.




C. G. Jung



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Dans ce rêve, je faisais un voyage.

Je déambulais sur une petite route, dans un paysage de collines; le soleil brillait, et je découvrais un vaste horizon de tous les côtés.

Puis je m’approchais d’une chapelle. La porte était ouverte et j’entrais. A ma grande surprise, il n’y avait aucune représentation de la Vierge sur l’autel, pas plus que de crucifix, mais seulement un bel assemblage de fleurs.

Mais je vis par terre, devant l’autel, face à moi, un yogi, dans la position du lotus, en état de profonde méditation. Quand je l’observai de plus près, je vis que son visage était le mien. Je partis dans un état de profonde frayeur et me réveillai avec cette pensée: "Ah! Ainsi, c’est lui qui me médite. Il a eu un rêve et je suis ce rêve."

Je sus, dès lors, qu’à l’instant où il se réveillerait je ne serais plus.




C. G. Jung



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Destin

19/11/05

Si vous lancez une pierre de forme cylindrique sur un plan fortement incliné, vous communiquerez à la pierre son mouvement, son impulsion : bientôt cependant la pierre roule avec rapidité ; elle n?obéit plus à votre main, mais à sa forme et à sa volubilité. Ainsi l?ordre, la loi, la nécessité du Destin mettent en mouvement les causes et les principes de toutes choses ; mais la volonté, les affections particulières de l?âme modèrent l?impétuosité de nos projets, de nos esprits, et président à nos actions.



Aulu-Gelle (in Nuits attiques)



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Le premier précepte que Pythagore donnait à ses disciples entrant dans la route de la perfection, tendait à les replier en eux-mêmes, à les porter à s?interroger sur leurs actions, sur leurs pensées, sur leurs discours, à s?en demander les motifs, enfin à réfléchir sur leurs mouvements intérieurs et extérieurs, et à chercher ainsi à se connaître. La connaissance de soi-même était la première connaissance de toutes, celle qui devait les conduire à toutes les autres.



Fabre d?Olivet ( in « Examens des Vers Dorés de Pythagore » )



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Maître Secret

18/11/05

Le premier précepte que Pythagore donnait à ses disciples entrant dans la route de la perfection, tendait à les replier en eux-mêmes, à les porter à s?interroger sur leurs actions, sur leurs pensées, sur leurs discours, à s?en demander les motifs, enfin à réfléchir sur leurs mouvements intérieurs et extérieurs, et à chercher ainsi à se connaître. La connaissance de soi-même était la première connaissance de toutes, celle qui devait les conduire à toutes les autres.



Fabre d?Olivet ( in « Examens des Vers Dorés de Pythagore » )



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corps lumineux

15/11/05

Quand l?âme vit avec les principes les meilleurs, elle est plus parfaite qu?elle-même, plus semblable à l?Un. Quand elle vit avec les principes pires, elle se divise et se multiplie en eux, comme l?eau dans les éponges ; elle ne perd rien de son être ; mais elle devient seulement raréfiée ou densifiée. C?est ainsi que son corps, je parle de son corps immortel,, demeure à la vérité le même en nombre, mais parfois se ramasse et se concentre tantôt plus, tantôt moins, et parfois se remplit tantôt d?une lumière divine, tantôt se voile de taches génésiurgiques, de sorte que le principe vivant en lui éprouve quelque altération selon la substance.



Damascius (480 ? 550 ?)



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Sages

14/11/05

Semblables à l?oiseau qui porte en haut ses regards, les sages, avides de s?envoler hors du corps et du monde pour un séjour magnifique et bienheureux, dégagent leur esprit des choses périssables et s?appliquent à le rendre plus léger et plus pur, faisant de la philosophie une étude et une préparation à la mort.



Plutarque



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Il y a dans notre vie des matins privilégiés où l?avertissement nous parvient, où dès l?éveil résonne pour nous, à travers une flânerie dés?uvrée qui se prolonge, une note plus grave, comme on s?attarde, le c?ur brouillé, à manier un à un les objets familiers de sa chambre à l?instant d?un grand départ. Quelque chose comme une alerte lointaine se glisse jusqu?à nous dans ce vide clair du matin plus rempli de présages que les songes; c?est peut-être le bruit d?un pas isolé sur le pavé des rues, ou le premier cri d?un oiseau parvenu faiblement à travers le dernier sommeil; mais ce bruit de pas éveille dans l?âme une résonance de cathédrale vide, ce cri passe comme sur les espaces du large, et l?oreille se tend dans le silence sur un vide en nous qui soudain n?a pas plus d?écho que la mer.



Julien Gracq ( Le Rivage des Syrtes)



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sur l?image en éclats

de la barque tardive

Le c?ur est fendu en deux et ne sait ce qu?il veut.

La barque doit aller pour lui ? jour ou nuit ne sont qu?un rideau changeant à traverser. Avancer d?un courage farouche. Pas à cause des hommes. À cause d?énigmes embarrassantes. Le c?ur est fendu en deux en grand secret.



Il y a du mouvement, de la vie dans la barque. Se forment des rangées d?images.

La barque avance avec un courage que nul ne comprend.

Ceux qui restent à terre entrevoient sa course parmi les silhouettes.

Beaucoup d?inattendu s?y mêle. Ce ne sont pas des nouveautés non plus, elles ont déjà été là.



Ce n?est pas cela qui vient des rives proches, des rives séduisantes, c?est en toute hâte une petite salutation :

Ohé ! crie-t-on de la rive, d?une voix à peine audible.

Ohé ! répond-on tout aussi lentement de la barque.

C?est tout.

C?est comme si le temps qui change n?existait pas.



Tarjei Vesaas (La barque le soir)



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Eternité

07/11/05

Un cavalier mystérieux est passé, un nuage de poussière s’est levé.

Il est parti, mais le nuage de poussière est resté.

Regarde droit devant toi, pas à gauche ni à droite :

Sa poussière est ici : L’homme est ici dans la demeure de l’éternité



Rûmi (Rubâi’yât)



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Eternité

07/11/05

Un cavalier mystérieux est passé, un nuage de poussière s’est levé.

Il est parti, mais le nuage de poussière est resté.

Regarde droit devant toi, pas à gauche ni à droite :

Sa poussière est ici : L’homme est ici dans la demeure de l’éternité



Rûmi (Rubâi’yât)



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Roseau

07/11/05

Le "ney" a été coupé par le maître dans l’oseraie

Il l’a percé de neuf ouvertures et l’a appelé Adam

Ô "ney", c’est par cette lèvre que tu es venu au cri :

Vois cette lèvre qui donna à tes lèvres le souffle.




Rûmi (Rubâi’yât)



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labyrinthe

06/11/05

Ce qu’un homme ne sait pas ou ce dont il n’a aucune idée se promène dans la nuit à travers le labyrinthe de l’esprit.



Goethe



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sol y sombra

06/11/05

Que dirais-je de ceux qui se tiennent dans la lumière, mais le dos au soleil ?

Ils ne voient que leurs ombres et leurs ombres sont leurs lois …

… Et qu’est-ce que reconnaître les lois sinon s’incliner et tracer leurs ombres sur la terre ?

….

Vous qui marchez face au soleil,

quelles images reflétées sur la terre peuvent-elles vous retenir ?



Khalil Gibran (1883-1931), "Le prophète"



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La vraie valeur d’un homme se définit en examinant dans quelle mesure et dans quel sens il est parvenu à se libérer du moi.



Albert Einstein



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Enchaîné…

01/11/05

La vraie valeur d’un homme se définit en examinant dans quelle mesure et dans quel sens il est parvenu à se libérer du moi.



Albert Einstein



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SOMA

29/10/05

je ferai de ton corps un calice

et l’emplirai de l’élixir de vie

tu boiras le breuvage aux coupes de tes sens

et du noir alchimique extirpé

brassé en un maelstrom de gènes

l’or purifié serpentera jusqu’à ton front

puis se déversera en pleurs de saules

pour se répandre en toi

ce n’est qu’à cet ultime instant

que tu pourras réintégrer

l’unique réalité

la Conscience primordiale






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Il reste autre chose à dire, mais c’est l’Esprit saint qui t’en fera le récit, sans moi,

Ou plutôt, c’est toi-même qui le diras à ta propre oreille; ni moi ni un autre que moi ne te le dira, ô toi qui es toi-même:

Ainsi, lorsque tu t’endors, tu vas de la présence de toi-même à la présence de toi-même;

Tu entends ce qui vient de toi-même et tu crois qu’on t’a dit secrètement en songe ce que tu as entendu.




Djalal-od din Rumi (Mathnawi)





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Il reste autre chose à dire, mais c’est l’Esprit saint qui t’en fera le récit, sans moi,

Ou plutôt, c’est toi-même qui le diras à ta propre oreille; ni moi ni un autre que moi ne te le dira, ô toi qui es toi-même:

Ainsi, lorsque tu t’endors, tu vas de la présence de toi-même à la présence de toi-même;

Tu entends ce qui vient de toi-même et tu crois qu’on t’a dit secrètement en songe ce que tu as entendu.




Djalal-od din Rumi (Mathnawi)





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adolescent

24/10/05

Lorsqu’un adolescent cloue ses portes de l’intérieur et prend le large avec la pure colère des torrents, des sources cachées dans ses propres eaux l’accompagnent comme des voyageurs clandestins, tandis qu’au loin ceux qu’il croit quitter s’amenuisent, le regard chargé à couler d’humanité.



Guy Bellay (La liberté, c’est dehors – 1984)



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C’est une richesse du Web que de permettre le partage des idées, des passions, des affinités, et la découverte, toujours surprenante, parfois déconcertante, mais toujours enrichissante, de personnes qui vous ressemblent un peu, ne serait-ce que parce qu’elles ont fait le pas, elles aussi, d’écrire, de peindre, de transmettre ce qui ensoleille leur vie. Apprendre à mieux se connaître en reconnaissant les autres, en se disant que nous sommes tous des parcelles de lumière, de la même Lumière, tel est certainement ce qui nous relie profondément, quelles que soient nos croyances ou nos incroyances.

Sites à voir, à revoir?



http://grapheus.hautetfort.com/

http://perso.wanadoo.fr/dachlmat/

http://gmc.blogspirit.com/

http://www.ellesait.blogspot.com/

http://chezmimidup.blogspirit.com/



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C’est une richesse du Web que de permettre le partage des idées, des passions, des affinités, et la découverte, toujours surprenante, parfois déconcertante, mais toujours enrichissante, de personnes qui vous ressemblent un peu, ne serait-ce que parce qu’elles ont fait le pas, elles aussi, d’écrire, de peindre, de transmettre ce qui ensoleille leur vie. Apprendre à mieux se connaître en reconnaissant les autres, en se disant que nous sommes tous des parcelles de lumière, de la même Lumière, tel est certainement ce qui nous relie profondément, quelles que soient nos croyances ou nos incroyances.

Sites à voir, à revoir?



http://grapheus.hautetfort.com/

http://perso.wanadoo.fr/dachlmat/

http://gmc.blogspirit.com/

http://www.ellesait.blogspot.com/

http://chezmimidup.blogspirit.com/



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Origine

20/10/05

Ramer à l’envers….



vers la lumière de source

frôlée un matin de corail

couleur du sang couleur du temps couleur de rêve

le temps enfui le temps brûlé

quand la mémoire glisse

entre les lèvres de l’oubli palmiers limpides

une place assise qui attend toujours

sur la barque vide

le regard singulier qui neigeait dans tes yeux.




Pierre Coulon (Sur un air de vanille – 1984)



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Circept

18/10/05

?le passé bouge. Le futur aussi. Seul le présent est immobile.Il relit ces lignes que sa main vient d’écrire, lève les yeux, voit son reflet transparent sur la vitre. La nuit habite les feuillages mais le ciel clair permet de lire encore les mots sur le papier. Encore un peu. Une pluie soudaine traverse l’instant. Sa rumeur l’enveloppe. Il n’écrit plus. Il devient le silence?



Jacques Ancet (de l’obstinée possibilité de la lumière)







En contrepoint

Le cercle

Au grain de poussière

Les myriades de galaxies

Au froid stellaire

La chaleur d’un amour

Au silence profond

La Parole immanente

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Le regard

16/10/05

Il est plus subtil que la méditation et lui est supérieur parce qu’il marque le début de la vie contemplative… le fait de plonger son regard en soi-même ou dans d’autres épiphanies et de s’en abstraire [pour entrer] dans la vision du Divin relève de la pénétration.



Ibn Ajiba (El Nazra)



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Errance

12/10/05

Nous gravîmes des cols escarpés où, du haut des falaises, des babouins vociféraient à notre passage tandis que le gypaète barbu planait au-dessus d’abîmes brumeux, et nous nous reposâmes sur la berge de torrents aux eaux froides dans les forêts de genévriers et d’oliviers sauvages. Les fleurs sauvages abondaient, jasmins et chèvrefeuilles, roses, oeillets et primevères. Parfois nous passions la nuit dans un château avec un émir, parfois dans une hutte de terre avec un esclave, et partout nous étions bien reçus. Nous mangions bien et dormions confortablement, mais je ne pouvais oublier le désert et le défi des sables…

Le soleil était au bord du désert, ballon rouge sans chaleur.




Wilfred Thesiger (Le Monde d’un nomade)



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Lumière

10/10/05

La lampe veut qu’on la place sur une hauteur pour les autres, non pour elle-même. Pour elle, il n’y a ni haut ni bas, partout elle demeure lampe lumineuse; mais elle veut que sa lumière parvienne aux autres. Le soleil, qui est haut dans le ciel, demeurerait soleil s’il était bas, mais le monde resterait dans l’obscurité. Il n’est pas haut pour lui, mais pour les autres.



Rûmî (Le Livre du Dedans)





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Lumière

10/10/05

La lampe veut qu’on la place sur une hauteur pour les autres, non pour elle-même. Pour elle, il n’y a ni haut ni bas, partout elle demeure lampe lumineuse; mais elle veut que sa lumière parvienne aux autres. Le soleil, qui est haut dans le ciel, demeurerait soleil s’il était bas, mais le monde resterait dans l’obscurité. Il n’est pas haut pour lui, mais pour les autres.



Rûmî (Le Livre du Dedans)





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néant

08/10/05

Il n’y avait rien.Il y eut quelque chose. Il n’y a plus rien.

Si le néant était demeuré noir, je ne le conterais. Mais pour un temps il devint clair.

C’est ce passage du noir au noir à travers la lumière que je chante.

Ecoutez mon histoire, elle va de la mort à la mort, mais j’ai vécu.

Elle va de la laideur à la laideur mais sans empêcher la foudre de couronner la beauté le simple temps de sa mort ardente.

La pierre roule le long de la pente.




Alain Borne ( Le Plus Doux Poignard – 1971)



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