Abstractivation

24/11/05

Peut-on dire que la transformation du fugace en éternel à quoi s’astreint la peinture est une abstractivation?

Sans doute, mais pas plus que le simple geste du promeneur ou du désoeuvré qui d’un plâtras ramassé sur le trottoir dessine sur un mur un visage quelconque ou un signe obscène. Braque, alors que précisément je l’interrogeais au sujet de la peinture abstraite, prit un morceau de craie, et sur le parquet de son atelier, rue du Douanier, esquissa d’un mouvement continu une ligne sinueuse dans laquelle il était impossible de ne pas reconnaître aussitôt un profil de visage humain, du sommet du front à la fuite du menton vers le cou. Puis il me dit: "Est-il rien de plus abstrait que celà ? Et cependant !…" Il entendait par là que le seul fait de tracer sur une surface une ou plusieurs lignes constituait une abstractivation, et que le dessin d’un visage comporte une abstraction de ce visage.




G.Ribemont-Dessaignes (in "Déjà jadis" ou "Du mouvement dada à l’espace abstrait" )





Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Pas de commentaire »

Pas encore de commentaire.

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URL

Laisser un commentaire

FireStats icon Contenu créé par FireStats