Cour intérieure

par Rodica Thot Poiata Artiste Peintre Roumaine



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Une cour intérieure.

Un tableau parmi d’autres dont on pourrait se demander pourquoi il attira mon attention. Un choc visuel certain, mais provoqué par quoi ?

Un arc de voûte en forme de sourcil découvrant un lieu de vie paisible, fait plus de verticalités que d’horizontalités, ouvert tout à la fois comme devait l’être l’?il du peintre et sombre de fraîcheur, un lieu tout empli de silence où le temps semble s’être arrêté.

Peut-être est-ce cela, ou peut-être la douceur patinée du grès rose, l’odeur humide des pavés à laquelle succèderait si l’on faisait quelques pas la chaleur d’un rayon de soleil qui brûlerait la nuque.

Un mouvement de tête et le regard découvre en lignes de fuite qui se perdent au loin en une brume étrange un baroque inventaire fait de marches, d’étai, de pot de fleur, ainsi que d’un socle de pierre rehaussé d’un objet mystérieux ressemblant à un personnage qui tenterait de nous voir et d’un petit banc de bois.

Peut-être est-ce le fait que nul signe de vie ne soit apparent qui provoque cette étrangeté ? Et pourtant cette fenêtre ouverte témoigne d’une présence invisible. Ces couleurs nuancées aux teintes de pastel auxquelles répondent des masses indistinctes aux palettes plus franches de rouge bordeaux, de jaune or et de bleu noir appellent notre attention. Un jeu de contraste entre le flou et le concret, le visible et l’invisible.

Je voulais entrer dans ce tableau, attiré irrésistiblement par le mystère que je pressentais. J’y entrai par les trois marches du perron. Fermer les yeux, tâtonner dans le noir dans l’attente d’un rai de lumière. Il me fallut reprendre de mémoire tous les éléments qui m’avaient interpellé, les lignes et les formes, les sensations et les couleurs.

Bleu noir. Infime singularité. Reflet pur d’un ciel absent. Cette petite tâche devait être un indice. M’en approcher. Plus près encore. Assombrir pour éclairer. Contraster. Aller plus loin dans le spectre du visible pour palper l’invisible.



Peu à peu une forme se condensa et dans l’ombre de la fenêtre, au-delà du mur du chambranle, je vis son visage.





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