Brouillard

18/11/07



Parfois on reconnaît la présence d’un mort.

Il n’a ni mains ni visage. Il est ce brouillard

Qui enveloppe doucement les maisons, les objets, les visiteurs

Réunis là. Il est peut-être cette lumière qui filtre de la chambre à côté.



Ni signes. Ni voix. Mais un espoir indéfini.

Qui annonce un monde meilleur. Cette présence

D’un mort bienveillant comme un nom qu’on voudrait dire

Mais qu’on a oublié. Ou comme une écriture secrète

qu’on ne sait plus faire réapparaître.



Non, il n’a que faire de nos sens. Invisible? Visible?

Mais il nous oblige à parler bas. Il nous approche

Les uns des autres. « N’ayez pas peur ». Il se tient là

Avec cette bonté immense dont il voudrait nous faire part.



Au lieu de l’oreille qui entend voudrais-tu être la chose entendue

Et au lieu de l’?il qui voit, ce contour qui est vu?

Non pas le sens, mais l’arôme. Non pas

La bouche, mais ce goût amer ou doux, ce goût d’herbes?



Ilarie Voronca

in " La poésie commune "



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