La vision

03/04/08



Oui, il était là, son tableau. Il était là, avec tous ses verts et ses bleus, ses zébrures perpendiculaires et latérales, son effort pour réaliser quelque chose. On l’accrochera au mur d’une mansarde, songea-t-elle, il sera détruit, mais qu’importe, se dit-elle, reprenant son pinceau. Elle regarda les marches, elles étaient vides; elle regarda sa toile, elle devenait confuse. Avec une intensité soudaine comme si, l’espace d’une seconde, elle l’apercevait avec clarté, elle traça un trait là, au centre. C’était fait; c’était fini. Oui, songea-t-elle, reposant son pinceau avec une lassitude extrême, j’ai eu ma vision.




Virginia Woolf

in " La promenade au phare "



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