Du blanc et du noir, mais sans contraste. Du blanc sale et du noir sale, dans la

fraternité de l’abject. (…) Noirs les arbres secs ; noir le portrait des cieux dans les

rondelets liquides que fait le maigre ruisseau à mesure qu’il dégèle ; noirs les

ponts, la bouche du tunnel, les rigides trains qui avant d’entrer dedans, sont déjà

dedans, comme si quelqu’un les eût effacés après les avoir dessinés au fusain. (…)

Tout est confus, diffus, monotone, sec, froid et sale en même temps, noir et blanc,

c’est-à-dire, noir, à toute heure et sans dispersion. Quelque chose qui est, mais que

l’on n’a pas ni que l’on désire, que l’on sait n’avoir jamais désiré et que jamais l’on

ne se rappellera sinon dans l’indifférente et involontaire inattention du sommeil

difficile.


Juan Ramón Jiménez

in  » Journal d’un poète jeune marié « 

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