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Du blanc et du noir
16/04/10
Du blanc et du noir, mais sans contraste. Du blanc sale et du noir sale, dans la
fraternité de l’abject. (…) Noirs les arbres secs ; noir le portrait des cieux dans les
rondelets liquides que fait le maigre ruisseau à mesure qu’il dégèle ; noirs les
ponts, la bouche du tunnel, les rigides trains qui avant d’entrer dedans, sont déjà
dedans, comme si quelqu’un les eût effacés après les avoir dessinés au fusain. (…)
Tout est confus, diffus, monotone, sec, froid et sale en même temps, noir et blanc,
c’est-à-dire, noir, à toute heure et sans dispersion. Quelque chose qui est, mais que
l’on n’a pas ni que l’on désire, que l’on sait n’avoir jamais désiré et que jamais l’on
ne se rappellera sinon dans l’indifférente et involontaire inattention du sommeil
difficile.
Juan Ramón Jiménez
in » Journal d’un poète jeune marié «
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