05/03/10

Il y aura ce que nous avons été pour les autres, des bribes, des fragments de nous

que parfois ils crurent entrevoir. Il y aura ces rêves de nous qu’ils nourrirent, et

nous n’étions jamais les mêmes, nous étions chaque fois des inconnus

magnifiques qu’ils inventaient, ces idées de nous telles des ombres fragiles dans de

vieux miroirs oubliés au fond des chambres, et qui ajoutées à nos propres rêves,

nos propres et inlassables tentatives de nous-mêmes, composeront durant

quelques années encore la vie sur cette terre cette étrange et brillante, et

croirait-on inoubliable mosaïque, où rien ni personne ne permettra de dire

vraiment qui nous fûmes.


Michèle Desbordes

in  » Les petites Terres « 

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