Nomme si tu peux ton ombre, ta peur

et montre-lui le tour de sa tête,

le tour de ton monde et si tu peux

prononce-le, le mot des catastrophes,

si tu oses rompre ce silence

tissé de rires muets, — si tu oses

sans complices casser la boule,

déchirer la trame,

tout seul, tout seul, et plante là tes yeux

et viens aveugle vers la nuit,

viens vers ta mort qui ne te voit pas,

seul si tu oses rompre la nuit

pavée de prunelles mortes,

sans complices si tu oses

seul venir nu vers la mère des morts


dans le cœur de son cœur ta prunelle repose


écoute-la t’appeler : mon enfant,

écoute-la t’appeler par ton nom.


René Daumal

in  » Le Contre-Ciel « 

peur23

Posted in: Archives by admin | Comments (0)

Pas de commentaire »

Pas encore de commentaire.

Flux RSS des commentaires de cet article. TrackBack URL

Laisser un commentaire

FireStats icon Contenu créé par FireStats