C’est par ici, par les couloirs magiques de la nuit que reviennent vivants les morts bien-aimés, la grand-mère de Proust ou mon père, les villes perdues, Oran, Osnabrück, plus belles que jamais dans la distance où le rêve les retient, c’est ici que les aveugles luttent en s’échangeant, es-tu moi? es-tu mon frère? Ici même c’est l’autre monde, on y est sans effort, en fermant les portes des yeux. Ici, chez le Rêve, la mort devient ce qu’elle est : une séparation seulement presque interminable, interrompue par des retrouvailles brèves et extatiques, dans une rame de métro ou dans un train. Les voix s’échappent du silence. Ici même c’est l’autre musique. Écoutez ! Sommes-nous dehors? Sommes-nous dedans? Vous rêvez. Continuez à vous laisser rêver. Il n’y aura pas de fin.




Hélène Cixous



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