Mais le « vouloir-ne-rien-dire » d’un poème n’est pas un vouloir ne rien dire.

Un poème veut dire, il n’est même que cela, pur vouloir-dire.

Mais pour vouloir-dire le rien, le néant, ce contre quoi et par quoi il y a la

présence, ce qui est. Et parce que le néant échappe à tout vouloir, le vouloir du

poème s’effondre comme tel (un poème est toujours involontaire, comme

l’angoisse et l’amour, et même la mort que l’on se donne), c’est rien qui se laisse

dire, la chose même, et se laisse dire en et par celui qui s’y porte malgré lui, le

reçoit comme l’irrecevable et s’y soumet. L’accepte, en tremblant que lui se

refuse, « étant » si étrange, fuyant, insaisissable comme l’est après tout le sens

de ce qui est « .


Philippe Lacoue-Labarthe

in  » La poésie comme expérience « 

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