Croissant

24/04/09


Le mince croissant de lune orange, au-dessus des frondaisons noires, ce n’est pas en

le regardant qu’on le voit. Il faut d’abord fermer les yeux, le rendre à son espace

solitaire et magique, où il se lève, avant et hors même tout regard.


Il y a la beauté du monde. Mais, derrière elle, il y a le monde sans sa beauté, le

monde hors l’apparence. Qu’est-ce que la mer sans ce qui la fait telle ou telle : calme

ou démente, grise ou brillante-bleue et lisse comme une soie ?


Un nuage passe et la mer change de visage. Où est « la » mer ?


Nombres d’étoiles que tu regardes ne sont plus là où tu les vois. Celles qui sont là ne

se verront qu’infiniment plus tard, par d’autres qui ne verront pas ce qu’ils voient.

Que voit-on ?


Roger Munier

in  » le Visiteur qui jamais ne vient « 

croissant22

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