Rêve

11/06/05

L’homme, regardez-le bien, va vers le singe, il n’y a pas à s’en étonner. Cette baudruche risible dérive de l’androgyne, une espèce d’oiseau-roi qui a mangé sa couronne, un génie qui a mis ses ailes au secret. Il a perdu le souvenir des temps heureux où le ciel ouvrait, fermait dans son c?ur ses paupières de nuit. Il ignore que dans une autre vie qu’il a eue, la lumière ne le séparait pas de celui qu’il était; et ne venait à lui que pour donner tout le poids et toute l’étendue du bonheur à ce qui dans son moi était le plus opaque, le plus profond, et comme l’être de son être. Tout ce qui se pressait vers lui de plus éclatant lui ramassait son être en route, lui donnant un univers à connaître dans la simple idée qu’il était vivant. Maintenant ce n’est plus qu’un jeu, le plus vain de tous, d’imaginer un individu commençant dans l’illimité; mais qui aurait sa forme au-dedans de lui ? comme une main ouverte, comme une main fermée sur la totalité de ce qu’il pourrait concevoir et qui ne serait jamais l’immensité que de son amour.

Joë BOUSQUET ( Lumière infranchissable pourriture)



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