Samsara

18/06/05

IL y a longtemps, toutes les créatures avaient péri. Ce monde n’était plus qu’une mer, un marécage gris, brumeux, froid. Un vieil homme restait seul, épargné par la destruction, il s’appelait Markandeya, il marchait, il marchait dans l’eau glauque, épuisé, ne trouvant nulle part un asile, un être vivant, l’esprit désespéré et la gorge pleine d’angoisse. Soudain, sans savoir pourquoi, il se retourna et il vit un arbre surgi dans le marais, un figuier, et au pied de cet arbre un enfant souriant, très beau.



Et l’enfant lui dit : je vois que tu cherches le repos, entre dans mon corps.



Le vieil homme sentit en lui, subitement, un grand dédain pour une longue vie humaine. L’enfant ouvrit la bouche, un vent puissant se leva, une rafale irrésistible, et Markandeya se sentit attiré, emporté vers cette bouche. Il y entra malgré lui tout entier et tomba dans le ventre de l’enfant. Arrivé là, en regardant autour de lui, il vit un ruisseau, des arbres, des troupeaux, il vit des femmes qui portaient de l’eau, une ville, des rues, des foules, des fleuves, oui, dans le ventre de l’enfant il vit la terre entière, calme et belle, il vit l’océan, il vit le ciel illimité. Il marcha longtemps, pendant plus de cent ans, sans jamais atteindre la fin de ce corps, puis le vent se leva de nouveau, il se sentit aspiré vers le haut, il sortit par la bouche même de l’enfant et il le vit sous le figuier.



L’enfant le regarda en souriant et lui dit : j’espère que tu es reposé maintenant.






( in "Le Mahabharata" )



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