Survivance

26/12/06

…Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple. Chaque aiguille de pin luisant, chaque rive sableuse, chaque lambeau de brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque bourdonnement d’insecte est sacré dans le souvenir et l’expérience de mon peuple. La sève qui coule dans les arbres transporte les souvenirs de l’homme rouge.



Les morts des hommes blancs oublient le pays de leur naissance lorsqu’ils vont se promener parmi les étoiles. Nos morts n’oublient jamais cette terre magnifique, car elle est la mère de l’homme rouge. Nous sommes une partie de la terre, et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos s?urs; le cerf, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les sucs dans les prés, la chaleur du poney, et l’homme – tous appartiennent à la même famille.



Cette eau scintillante qui coule dans les ruisseaux et les rivières n’est pas seulement de l’eau mais le sang de nos ancêtres. Si nous vous vendons de la terre, vous devez vous rappeler qu’elle est sacrée et que chaque reflet spectral dans l’eau claire des lacs parle d’événements et de souvenirs de la vie de mon peuple. Le murmure de l’eau est la voix du père de mon père.





Extraits de la Déclaration de Chief Seattle à Grover Cleveland – 1854



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UNS

21/12/06

Sache que le monde tout entier est miroir,

dans chaque atome se trouvent cent soleils flamboyants.

Si tu fends le coeur d’une seule goutte d’eau,

il en émerge cent purs océans.

Si tu examines chaque grain de poussière,

mille Adam peuvent y être découverts…

Un univers est caché dans une graine de millet;

tout est rassemblé dans le point du présent…

De chaque point de ce cercle

sont tirées des milliers de formes.

Chaque point, dans sa rotation en cercle,

est tantôt un cercle,

tantôt une circonférence qui tourne.




Mahmûd Shabestari

Iran- XIVeme siècle



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Le vieil homme

18/12/06

Ayant bu des mers entières, nous restons étonnés que nos lèvres soient encore aussi sèches que des plages, et toujours cherchons la mer pour les y tremper, sans voir que nos lèvres sont les plages et que nous sommes la mer.



Attâr

Poète mystique persan



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Miserere

16/12/06

Mon coeur

est devenu capable

de prendre toutes les formes;

Il est

pâturages

pour les gazelles

et

couvent pour le moine,

temple pour les idoles

et Kaaba pour le pélerin.

Il est les tables de la Torah

et

le Livre du Coran.

Il professe la religion de l’amour

quel que soit le lieu

vers lequel

se dirigent ses caravanes.

Et l’amour

est

ma loi

et l’amour

est

ma foi.




Ibn’Arabî

( 1165-1240)





ROUAULT

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Pour vivre ici

14/12/06

Je fis un feu, l’azur m’ayant abandonné,

Un feu pour être son ami,

Un feu pour m’introduire dans la nuit d’hiver,

Un feu pour vivre mieux.



Je lui donnai ce que le jour m’avait donné:

Les forêts, les buissons, les champs de blé, les vignes,

Les nids et leurs oiseaux, les maisons et leurs clés,

Les insectes, les fleurs, les fourrures, les fêtes.



Je vécus au seul bruit des flammes crépitantes,

Au seul parfum de leur chaleur;

J’étais comme un bateau coulant dans l’eau fermée,

Comme un mort je n’avais qu’un unique élément.




Paul Eluard



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Tigres charmants

14/12/06

Tigres charmants

qui allumez la belladone

bêtes fleuries de soies

écartez de nous le péril

qui est d’exister mal

en n’étant pas



votre regard doit y suffire

implorante bulle d’iris

yeux noirs dont votre robe est saturée



têtes désemparées

naviguant sur la mer des cages

de quels silex bleus de désirs

ne l’avez-vous pas payée notre liberté d’être un homme




Marianne van Hirtum

(in " Les Insolites" – 1956)



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Unicité

12/12/06

Celui qui observe ce qui est entre la première éternité et la deuxième éternité apporte la preuve de l’Unicité. Celui qui ferme les yeux sur l’éternité d’avant et l’éternité d’après a vu ce qui est entre elles et suscite l’adoration. Celui qui ne s’intéresse ni à ce qui est entre les deux éternités ni à leurs deux versants, celui-là s’agrippe à la poignée de la Vérité.



Hussein ibn Mansour Al Hallâj



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Il existe un moment où tu es là à réfléchir. Des choses prennent un peu de la lumière, comme les pages, pour être visibles. Les choses visibles se baladent, depuis longtemps ; elles tombent en cascades. Elles se reposent. Elles ont pris un peu de lumière, depuis se promènent, il existe un moment où tu es là à réfléchir au milieu des choses qui, d?avoir pris un peu de lumière, sont visibles. Elles tombaient en été. Elles traversent l?hiver, elles pleuvent, elles continuent à pleuvoir. Elles sont comme de petites images. Il existe un moment où tu penses aux petites images qui se baladent sans tristesse. Il existe un moment où tu es, les images autour, en train de penser les choses ont un sens, et tu te promènes.



Christophe Tarkos

(in "Processe" )



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Mouvance

06/12/06



La vie ne dispense pas seulement de beaux et merveilleux souvenirs. Je la vois comme la surface de l’eau d’un fleuve qui monte et qui descend selon la marée, et qui change d’aspect suivant les intempéries.




Ly Thu Ho (in " Printemps inachevé " )



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Le Surmoi

05/12/06

"Il a l’air d’avoir bon caractère, pensa Alice; pourtant il avait de très longues griffes et beaucoup de dents, et elle estima qu’il valait mieux le traiter avec respect."



Lewis Carroll



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Renaissance

03/12/06

" Les Egyptiens sont les premiers à avoir énoncé cette doctrine que l’âme de l’homme est immortelle; que, lorsque le corps périt, elle entre dans un autre animal qui, à son tour, est naissant; qu’après avoir parcouru tous les êtres de la terre, de la mer et de l’air, elle entre de nouveau dans le corps d’un homme naissant; que ce circuit s’accomplit pour elle en trois mille ans. Il est des Grecs qui, ceux-ci plus tôt, ceux-là plus tard, ont professé cette doctrine comme si elle leur appartenait en propre; je sais leurs noms, je ne les écris pas."



Hérodote II-123







« Âne. Ne sois pas aussi fier, Micco, et souviens-toi que ton Pythagore enseigne qu?il ne faut rien mépriser de ce qui se trouve au sein de la nature. Bien que j?aie à présent la forme d?un âne, j?ai pu, ou je pourrai bientôt me trouver sous la forme d?un grand homme ; et toi, bien que tu sois un homme, tu as pu, ou tu pourras bientôt être un grand âne, si le juge opportun celui qui dispense les aptitudes, attribue les places et dispose des âmes qui transmigrent ».



Giordano Bruno (in " La Cabale du cheval pégaséen " )

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Tu trouveras, à la gauche des demeures d’Hadès, une source et, se dressant auprès, un cyprès blanc. De cette source ne t’approche pas trop près. Mais tu en trouveras une autre, qui vient du lac de Mémoire, et qui laisse couler une eau fraîche. Des gardiens se trouvent devant elle. Dis:"Je suis enfant de la terre et du ciel étoilé, mais ma race est céleste, vous le savez, vous aussi. Mais je suis desséchée de soif et je me meurs. Ah! donnez-moi vite de l’eau fraîche qui coule du lac de Mémoire." Et ils te donneront à boire de l’eau de la source divine, et ensuite, avec les autres héros, tu régneras.



Lamelle d’or de Pételia – IVème siècle A.C.



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Olympia

28/11/06

C’est toujours par ce qu’elle contient de vérité qu’une oeuvre nouvelle choque ses contemporains.

C’est toujours et seulement pour ce qu’elle aura contenu de vérité que cette oeuvre est appelée à subsister dans l’avenir.




Henri Bataille

(in " Préface de La marche Nuptiale " )







Seul Emile Zola, âgé de 26 ans et encore inconnu du public, osa prendre dans l’Evénement Gaulois, sous le pseudonyme de M. Claude, la défense de Manet, dont l’Olympia avait déchaîné l’opinion.

Brune rousse d’une laideur accomplie, face stupide, peau cadavérique, chat ébouriffé qui semble venir du sabbat de Callot…Blanc, noir rouge et vert qui font un vacarme affreux sur cette toile…Ton des chairs sale, modèle nul, ombres qui s’indiquent par des rais de cirage plus ou moins larges…odalisque au ventre jaune, ignoble…telles étaient les critiques de ses accusateurs.



Peu de temps après l’ouverture du salon, le tableau fut suspendu très haut au-dessus de la porte de la dernière salle, ce qui n’empêcha pas les curieux d’affluer "comme à la Morgue".

La série des articles de Zola fut interrompue.




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…Le beau est toujours bizarre. je ne veux pas dire qu’il soit volontairement, froidement bizarre, car dans ce cas il serait un monstre sorti des rails de la vie. Je dis qu’il contient un peu de bizarrerie, de bizarrerie naïve, non voulue, inconsciente, et que c’est cette bizarrerie qui le fait être particulièrement le Beau. C’est son immatriculation, sa caractéristique. Renversez la proposition, et tâchez de concevoir un beau banal !



Charles Baudelaire



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Je sais bien pourquoi j’ai pensé à la misère de Kant un jour, à Naples, en voyant danser au fond d’une barque, une fille qui riait en battant des mains. La lumière et toute la mer dansaient et riaient avec elle, leur immense complicité l’environnait d’illuminations et de rumeurs. Cette seconde de sa vie et de la mienne avait raison pour l’éternité contre tout ce que la pensée avait accumulé et accumulera au cours des siècles de favorable ou de défavorable à l’esprit qui nous traversait.



Elie Faure

( in " La Langue universelle " )



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De la certitude

23/11/06

207. " C’est un coup du sort étrange : tous les hommes dont on a ouvert le crâne avaient un cerveau !"



Ludwig Wittgenstein



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La plupart des gens y voient par l’intellect bien plus souvent que par les yeux. Au lieu d’espaces colorés, ils prennent connaissance de concepts. Une forme cubique, blanchâtre, en hauteur, et trouée de reflets de vitres est immédiatement la Maison ! Idée complexe, accord de qualités abstraites. S’ils se déplacent, le mouvement des files de fenêtres, la translation des surfaces qui défigure continûment leur sensation, leur échappent, car le concept ne change pas. Ils perçoivent plutôt selon un lexique que d’après leur rétine, ils approchent si mal les objets, ils connaissent si vaguement les plaisirs et les souffrances d’y voir, qu’ils ont inventé les "beaux sites". Ils ignorent le reste. Mais là, ils se régalent d’un concept qui fourmille de mots…



Paul Valéry

( in "Variétés, tome I: Méthode de Léonard de Vinci" )



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béatitude

21/11/06

J’ai passé bien des heures de ma vie à regarder pousser l’herbe ou à contempler la sérénité des grosses pierres au clair de lune.

Je m’identifiais tellement au mode d’existence de ces choses tranquilles, prétendues inertes, que j’arrivais à participer à leur calme béatitude…




Georges Sand



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Le ?lâcher prise ? rend l?homme capable de Dieu. Mais lâcher Dieu même est un ?lâcher prise? que peu d?hommes saisissent.



Angelus Silesius



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La Nuit

17/11/06

…Sa main laisse glisser les constellations

le sable fabuleux des mondes solitaires

la poussière de Dieu et de sa création

la semence de feu qui féconde la terre…



Claude Roy



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Les pollueurs

16/11/06

Il y avait des graines terribles sur la planète du petit prince… c’étaient les graines de baobabs. Le sol de la planète en était infesté. Or un baobab, si l’on s’y prend trop tard, on ne peut jamais plus s’en débarrasser. Il encombre toute la planète. Il la perfore de ses racines. Et si la planète est trop petite, et si les baobabs sont trop nombreux, ils la font éclater…



Antoine de Saint-Exupéry

( in "Le Petit Prince" )



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Emma

15/11/06

…Au fond de son âme, cependant, elle attendait un événement. Comme les matelots en détresse, elle promenait sur la solitude de sa vie des yeux désespérés, cherchant au loin quelque voile blanche dans les brumes de l’horizon.



Gustave Flaubert

( in "Madame Bovary" )



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Je vais de rêve en rêve sur le fil de l?oubli

Je suis celui ou celle que l?on croit reconnaître

Au détour d?un chemin à l?angle d?une rue

Je suis odeur saveur d?un temps que l?on croyait perdu

Je garde les pensées tout comme un oiselier

Sous mes filets de lin

Parfois l?une s?envole en brisant une maille

Et muse je deviens pour me faire pardonner

Inspir ou dièze en l?azur de son coeur



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L’arbre

13/11/06

Au-dehors l’arbre est là et c’est bon qu’il soit là,

Signe constant des choses qui plongent dans l’argile.



Il est vert, il est grand, il a des bras puissants.



Ses feuilles comme des mains d’enfant qui dort

S’émeuvent et clignent.



Eugène Guillevic



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Mots clés

12/11/06

La poésie doit être faite par tous. Non par un. Toutes les tours d’ivoire seront démolies, toutes les paroles seront sacrées et l’homme s’étant enfin accordé à la réalité qui est sienne, n’aura plus qu’à fermer les yeux pour que s’ouvrent les portes du merveilleux.



Paul Éluard



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VOYNICH

11/11/06

On devrait fonder une chaire pour l’enseignement …







…de la lecture entre les lignes.



Léon Bloy

(Exégèse des lieux communs)

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Laissez chanter

l?eau qui chante

Laissez courir

l?eau qui court

Laissez vivre

l?eau qui vit

l?eau qui bondit

l?eau qui jaillit

Laissez dormir

l?eau qui dort

Laissez mourir

l?eau qui meurt.



Philippe Soupault



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Flammes

09/11/06

Approchez vos mains de la flamme

jusqu’ à voir le feu au travers

avec ses courants et ses lames

et ses sirènes aux yeux verts

jusqu’à voir les grands fonds du feu

avec leurs poissons de sommeil

et les longs navires sans yeux

leurs équipages de soleil

et leur forêt d’algues de paille

qui flambe et brille au fond du feu

prisonniers des mains et des mailles

au tremblant filet de vos yeux.



Claude Roy



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Rêve

06/11/06

Ah ! que de merveilles scintillent

Lorsque danse une goutte d’eau !

Un ange parfois joue aux billes,

Une étoile tombe au ruisseau.

On ne sait jamais quel manteau

De fée courant dans les jonquilles

On peut coudre avec une aiguille

En rêvant derrière un carreau.



Maurice Carême



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C?est moi

Le commencement

C?est moi

La fin

L?humain et tout ce qui n?est pas humain

C?est moi

La lettre écarlate de l?équilibre des forces

C?est moi

Qui viendrai fermer la dernière porte

Sur ce qui aurait dû être l?Amour

Et tu t?obstines à me chercher hors de toi

Là où je ne puis être

Je suis toi en toi l?unité incréée.





Nyunai



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