Arbres d’hiver

06/12/08



Les lavis bleus de l?aube se diluent doucement.

Posé sur son buvard de brume

Chaque arbre est un dessin d?herbier ?

Mémoire accroissant cercle à cercle

Une série d?alliances.



Sylvia Plath





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Au petit jour

05/12/08



La nuit n’est pas ce que l’on croit, revers du feu,

chute du jour et négation de la lumière,

mais subterfuge fait pour nous ouvrir les yeux

sur ce qui reste irrévélé tant qu’on l’éclaire .



Les zélés serviteurs du visible éloignés,

sous le feuillage des ténèbres est établie

la demeure de la violette, le dernier

refuge de celui qui vieillit sans patrie?




Philippe Jaccottet

in " l’Ignorant "



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Ardoise

04/12/08



Tu gardes en toi

le sceau des fougères et des prêles,

le calque des écorces, étant

paume ouverte du temps

mémoire des ruches de la vie

où bourdonne encore en nos doigts

l’enfance des reptiles




Jacques Lacarrière

in " Lapidaire "



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Dénuement

03/12/08



N?ayant plus de maison ni logis

Plus de chambre où me mettre,

Je me suis fabriqué une fenêtre

Sans rien autour.




Armen Lubin

in " Les hautes terrasses "



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Il semble que les miroirs, avec leur puissance d?illusion, plus que tout autre objet, nous donnent l?idée du temps, autant dire celle d?une profonde immobilité, d?un chemin que nous sentons clos quoiqu?il soit infini, sous nos yeux. Nous regardons la flamme, et
nous ne pensons pas qu?elle n?est plus celle que nous avons regardée un instant auparavant.



Leonardo Sinisgalli

in " Horror vacui "

les mots en italiques sont de Léonard de Vinci



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L’air

02/12/08



L?air a sa vie à lui.

Et qu?à personne il n?est donné

de bien saisir.

Il vit de sa vie bleue

de vent. qui naît au ras des yeux

et court à l?infini.




Joseph Brodsky



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Dessous

30/11/08



s?il y a des visages dessous

plus guère personne pour voir



un mouvement d?ombres comme de feuilles



peu à peu une mousse

ou du lierre

dans la tête



on distingue mal



les noms lèvent seuls

les figures les dunes

les coins de rues les ciels

par vagues

et puis retombent

sans plus de bruit

dans l??il



vie sans vie

qui reste




Antoine Emaz

in " Os "



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Trio

29/11/08



…Un nuage de griffes arrache la peau du ciel ;

un geyser de frelons écorche doucement le vent ;

un cyclone de pétales déshabille le temps qu?il fait.




Michel Butor

in " Troisième Dessous, matière de rêve 3 "



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tu suis du doigt le scarabée

cueilles le rire arrêté sur l?églantine

peu de bruit peu de place

tu vis dans un espace las

où resplendit l?humble force de croire

entre distance et fécondité tu oscilles…




Mireille Fargier-Caruso

in " Paupières de Terre "





Femme à la balance, par Vermeer

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si tu pouvais t?enrouler dans ce voile de pluie,

gouttes sur les paupières et au creux de la main,

peut-être pourrais-tu te reposer : la déchirure

c?est d?être là et de voir la pluie

qui ruisselle sur les carreaux, qui cingle

les arbres et leurs bourgeons, savoir

entrer dans une goutte de pluie est un secret

que bien peu connaissent sans doute :

c?est celui qui délie les membres

et rentre la création dans la mer

comme au premier jour, quand tout

n?était qu?en puissance dans l?écume.




Paul de Roux

in " Poèmes de l?aube "



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Neige

26/11/08



Neige dehors neige dedans

neige lente sur les frissons

neige noire à crever les yeux

pas un humain qui vous réponde

il doit leur neiger sur la voix

est-ce que tout le monde est mort

est-ce que je suis le dernier vivant

enfoui sous quelques flocons de rien…




Ludovic Janvier

in " La mer à boire "



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Invocation

25/11/08



Ô eau,

Le long des méandres étroits du torrent,

Là où tu frappes le plus fort,

Là où tu t’enroules le plus,

Entre les mousses suintantes,

Fais que chaque impureté

Qui nous entrave soit balayée.




Prière traditionnelle Sioux



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Caravane

24/11/08



La caravane passe

Entourée d’une cadence,

D’un silence,

D’un rythme sans écho.

….

Liant les pays et les races,

Laissant sous leurs pas

Des mesures égales.




A. Bedir-Khan



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Le vase NW

23/11/08



" La connaissance de ce vase précieux et de l’esprit fixe et faxifique implanté dans lui, était un des plus grands secrets de la cabale des Egyptiens ".




Dom Pernety

in " Fables égyptiennes et grecques "





Ce vase est tenu rituellement dans les mains du roi, et contient symboliquement l’eau du NOUN, l’Océan primordial. C’est encore le Chaos, il n’y a ni temps, ni espace, ni mouvement, ni lumière. Le roi est agenouillé au seuil du Temple. Il est le Soleil qui va se lever au-dessus des eaux noires les faire bouillonner, et va créer la vie.

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" Que s’ils ont des ailes, les Esprits sont donc volatils ! "



Jacques Tols

in " Les chemins du ciel chymique " ( 1688 )



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Toutes les eaux ne courent pas vers l’embouchure.

Tous les langages ne se livrent pas dans l’écriture.

Nous sommes des hiéroglyphes

tombés des étoiles dans leurs sursauts,

l’éveil d’une eau dormante

qui nous a rêvés comme un poème

sans définir les mots.




Maurice Couquiaud

in " L’éveil des eaux dormantes "





Hiéroglyphe signifiant "déployer"

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Simplement

07/11/08



elle dépose sa vie.

donne son ombre

à la poussière

doucement,

sans cris,

juste une inclinaison

sa bouche appuyée

sur sa mère.

elle était là,

parfois tremblante

parfois troublante

tournée vers la lumière

un pied dans la terre

rêvant de parfums

et de matin.

ce n’était qu’une fleur d’été,

déposée là,

par un semeur de vent.



Louve [Maïkam] Mathieu



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Brûlure

06/11/08



Au milieu de la nuit, la clairvoyance de l’amour guidait nos mains

"Layla ma nuit, ma perle de nuit", a murmuré mon amant

"comment se nomme cette brûlure à mon front dans la fraîcheur du soir ?"

et l’obscurité étendait sa main tiède sur nos baisers

"Layla, mon oiseau de ténèbres", a murmuré mon amant

"quel incendie me ronge l’âme sans jamais m’épuiser ?"

et la pénombre épaisse soufflait le parfum des jasmins sur nos peaux invisibles

"La brûlure est celle de midi", ai-je dit à mon amant

"L’incendie est la brûlure du jour"

"La nuit est son écrin resplendissant

"Je m’appelle Layla Zhouhr nuit et jour et tu le sais"

et nous étions à l’apogée du temps où jour et nuit n’ont qu’un seul visage.





Leïla Zhour

in " Femmes "





en arabe, "laylà" signifie "nuit" et "zhou’hr" signifie "midi"

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Se Taire…

05/11/08



Homme, si tu veux exprimer l?essence de l?Éternité, il te faut d?abord renoncer au langage.




Angelus Silesius

in " Le Voyageur Chérubinique "



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"Le bout du monde et le fond du jardin contiennent la même quantité de merveilles."




Christian Bobin



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Soir

26/10/08



Femme sans chanteur,

Vêtements noirs, maisons grises,

L’amour sort le soir.



Paul Eluard

in " Pour vivre ici "



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Lecture

25/10/08



"Lire un livre sous un arbre en double le plaisir. On ne sait plus si on tourne les pages ou si on feuillette l’arbre."




Jean Chalon

in " Journal d’Espagne "



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« Il expliquait pourquoi l’eau devait « sourire », c’est à dire être frémissante. Ses bulles ressemblaient alors à des yeux de poisson, ou à des perles de cristal qui glissent dans une fontaine, ou à des vagues jaillissantes. Il parla du choix de la théière, en terre cuite, de préférence, afin que le dépôt tannique formé au cours des années exalte les saveurs des infusions. Il dit que la théière avait une mémoire et un être harmonique. Il dit aussi que le choix d’une bonne eau était primordial, que celle-ci devait jaillir de la montagne sur des rochers sans mousse ni végétation, qu’il était inutile de remuer le thé, et que les gouttes versées par inadvertance sur la nappe ne signifiaient nullement que le geste était malheureux, bien au contraire : « Ces gouttes sont la part de la terre, la part qui lui revient. »




Gérard de Cortanze

in " Assam "



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Il y a…

23/10/08



Il y a un sifflement de train dans une gare lointaine,

Des injures, des aboiements, des gloussements de poules,

Des voix de femmes, aussi ;

Il y a le parfum du paddy mûr, le chant des oiseaux

Et des enfants qui jouent quelque part, alentour,

Des passants qui rient et qui parlent,

Une chanson d’antan chantée

Dans la brume du crépuscule…

Tant d’années se sont engouffrées dans l’entonnoir du temps !

Je me couche, inerte comme un cadavre,

Ô vaste monde, comme je regrette tout ce qui vient de toi !



Nguyên Chi Thiên

in " Fleurs de l’enfer "



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Transparence

22/10/08



Transparence,

tu m’as accueilli là où finissent les couloirs,

dans la dernière pièce, quand

je ne croyais plus arriver. Et j’ai vu

ton visage, je l’ai pris de mes mains

tremblantes. Visage d’air,

confondu avec le visage humain

qui m’attendait, endormi

dans la veille amoureuse, dans cette pièce

étroite qui s’est ouverte comme

des eaux après le désert

pour nous deux….




Rafael José Diaz



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Parce que…

21/10/08



Parce que les jours ne sont pas que des jours.



Enfouir dans la montagne les temps érodés.



Attendre

des carrières.

Attendre une fois.

………………………………………………..



Tant que se figent les larmes dans la pierre

parce que les jours ne sont pas que des jours.




Peter Härtling



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Doux de lune, vont las les Taureaux pleins de songe,

Un seul, et deux : et, sur l’épaule l’aiguillon,

Très haut l’Homme en avant en la paix grande plonge,

Tandis que leur dos maigre et noir marqué s’allonge

Hors mesure près d’eux, et rampe noir et long…




René Ghil

in " Légendes d’âmes et de sangs "



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Ta voix

20/10/08



ta voix

c?est la lumière inventée

dans l??il opaque

du poème



Armand Dupuy



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…..Et le dormeur s’éveille,

Voit la goutte briller de cent mille rubis dans le verre

Qui était vide lorsqu’il s’endormit.

La contemple.

L’univers oscille durant une seconde de silence

Et le sommeil reprend ses droits,

Et l’univers reprend son cours

Par les milliers de routes blanches tracées par le monde

À travers les campagnes ténébreuses.




Robert Desnos





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La route

17/10/08



De tous les voyageurs qui ont pris cette route,

Qui donc est revenu, a rebroussé chemin?

Prends garde de ne laisser peine d’amour en route,

car tu ne reviendras, jamais, ici, demain.



Omar Khayyâm





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